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Le Royaume-Uni, l’Europe et la presse neuchâteloise

Les relations entre le Royaume-Uni et l'Europe ont occupé régulièrement les colonnes des deux quotidiens neuchâtelois ces dernières décennies. Plongée dans nos archives.

24 juin 2016, 12:24
La Une de L'Impartial du 29 octobre 1971.

La saga des relations compliquées qu’entretient depuis plus de 50 ans le Royaume-Uni avec ce qui était à l’époque la Communauté économique européenne (CEE), devenue aujourd’hui l’Union européenne (UE) a évidemment occupé régulièrement les colonnes des quotidiens neuchâtelois. Et ce d’autant plus que la Suisse était indirectement concernée: en effet après la signature du Traité de Rome en 1957 créant la CEE. C’est le Royaume-Uni qui avait été à l’origine de la mise sur pied de l’Association européenne de libre-échange (AELE) en 1960 entre sept pays dont la Suisse. Mais dès 1961, le gouvernement de Londres s’intéresse aussi de près à la CEE en déposant une demande d’adhésion. Dans la Feuille d’Avis de Neuchâtel (FAN) du 8 février 1962, Georges Perrin évoque "la tactique du grignotement ou, comme on disait pendant la guerre, de la rondelle de salami", soit l’adhésion par étape des pays de l’AELE à ce qu’on appelait alors le Marché commun. Mais ajoute l’éditorialiste de la FAN, on souhaite "régler d’abord et pour lui seul le cas de la Grande-Bretagne afin d’affaiblir la position des autres candidats et surtout de ces gêneurs que sont les neutres".

Dans L’Impartial du 25 septembre 1962, au lendemain d’une séance entre les représentants helvétiques et les délégués des Six (CEE), on est bien conscient qu’il "ne s’agit que d’une prise de contact. Les Six se contenteront d’écouter les Suisses et ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils répondront, après avoir réglé le cas de la Grande-Bretagne et du Commonwealth."

"Le Parlement britannique a franchi la Manche!"

Mais par deux fois, en 1963 et 1967, la France, par la voix du Général de Gaulle, mettra son veto à l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE, craignant que l’entrée de la "perfide Albion" dans le Marché commun serait un à la fois un cheval de Troie des Américains en Europe et constituerait une menace sur l’entente du couple franco-allemand. Ce n’est qu’avec la démission du Général de Gaulle en 1969 et l’arrivée au pouvoir à Paris de Georges Pompidou que la candidature britannique sera relancée. Le 29 octobre 1971, L’Impartial peut ainsi titrer: "Le Parlement britannique a franchi la Manche!", au lendemain du vote de ratification à Westminster par les députés de l’accord d’adhésion à la CEE. "Ainsi, écrit le journaliste Willy Brandt, l’an prochain à Bruxelles, la chrysalide des Six se transformera en un papillon: l’Europe des Dix (ndlr: l’adhésion de la Grande-Bretagne était en effet groupée avec celles du Danemark, de l’Irlande et de la Norvège, mais cette dernière y renoncera au dernier moment). Et selon les lois physiques de la gravitation, cette masse attirera fatalement vers elle d’autres nations plus faibles. La Suisse par exemple pourra-t-elle demeurer seule avec sa très neutre solitude."

Dans la Feuille d’Avis de Neuchâtel, Eric Du Bois note que "c’est plus par contrainte économique que par vocation que Londres a sollicité son adhésion à la CEE. Il fallait s’inscrire dans ce marché vaste et voisin pour éviter l’étouffement d’un isolement douanier. (…) Nous sommes en présence d’un mariage de raison motivé aussi par le ferme désir de grouper les forces vives de la volonté démocratique et libérale en face de la menace moscoutaire".

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