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Le développer durablement doit toucher les gens

Le développement durable fait de plus en plus partie du quotidien. Pour convaincre le citoyen, il doit pouvoir s’appuyer sur des mesures fondées sur des faits.

10 nov. 2020, 05:30
Marche pour le climat mise sur pied par l'association Climat Neuchâtel, le 8 décembre 2018.

«Définir d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va»: Leila Pamingle, directrice de l’association Ecoparc, résume ainsi les 17 objectifs du développement durable (ODD) de l’ONU. Apparue dès les années 1980, la thématique vise à sensibiliser la population en donnant des pistes à même de créer du lien, de l’intérêt et de l’adhésion. «Pour savoir comment avancer, il ne faut pas uniquement se focaliser sur la contrainte.» Les autorités doivent chercher des solutions concrètes pour l’économie et l’environnement, sans imposer. «Bref, il faut que cela touche les gens», insiste la directrice.

La stratégie de la Confédération cible trois priorités: économie (consommation et production notamment), environnement (énergie, climat et biodiversité) et société (égalité des chances). «Et pour mieux définir de quoi l’on parle, des données sont nécessaires pour cerner les enjeux et améliorer la situation», note Leila Pamingle. D’où la mise en ligne dès 2003 du système MONET, effectuant un monitoring du développement durable sur le plan national, et l’instauration du Cercle Indicateurs, une plateforme destinée à la mise en œuvre d'indicateurs pour les cantons et les villes.

Dans la durée

«Ce Cercle Indicateurs constitue à la fois un système d’indicateurs et un réseau de partenaires», explique Anne Boesch, collaboratrice scientifique à l’Office fédéral de la statistique (OFS). L’instrument vise à «mesurer le développement durable dans la durée». Il rassemble les trois échelons de collectivités publiques, avec la Confédération, 19 cantons et 25 villes. A Neuchâtel, le Canton est partenaire – à l’instar des autres cantons romands sauf le Jura – mais pas les villes de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

La première publication de résultats est intervenue en 2005, avec à l’époque huit cantons et 14 villes. La dernière remonte à 2019 (cantons uniquement) et la prochaine aura lieu en 2021 (villes et cantons). Les deux sets de quelque 30 indicateurs centraux – l'un pour les cantons et l'autre pour les villes – servent à cerner l'état présent du développement durable et l’évolution temporelle des partenaires. «L’exercice permet de se comparer et de comprendre pourquoi on fait mieux ou moins bien», détaille Anne Boesch, qui précise qu’il ne s’agit pas d’une évaluation des politiques publiques.

«L’arrivée de l’Agenda 2030 a suscité un regain d’intérêt», se réjouit-elle, évoquant «un vent nouveau et un consensus politique international sans précédent». Il y a désormais des démarches spontanées de demandes de renseignements et de participation, laquelle implique de fournir des données et d’assurer un suivi. Une révision est en cours en vue d’une mise à jour, avec le remplacement des 30 champs thématiques par dix thèmes incluant les éléments pertinents de l’Agenda 2030.

La révision prévoit d’utiliser les 17 ODD et les trois dimensions «classiques» du développement durable que sont l’environnement, l’économie et la société, comme portes d’entrée vers les indicateurs. La structure affinée est agendée pour 2022. «Important, l’outil offre un cadre de référence», souligne Anne Boesch. Il signifie que le travail effectué en amont est avalisé, forme un consensus et représente une «base de référence».

Aux cantons et aux villes impliquées, ensuite, de mener une réflexion sur leurs forces et leurs faiblesses pour s’améliorer et engager des mesures. Qualité de l’eau, utilisation des sols, investissements, finances publiques, mobilité, culture et loisirs, sécurité et aide sociale figurent parmi les champs thématiques assortis d’indicateurs.

Plan climat

Autre instrument pour concrétiser les ODD: le plan climat. Considérée comme urgence absolue, la lutte contre le réchauffement climatique constitue «un levier à activer», relève Leila Pamingle, pour qui dire «il suffit de» ne marchera pas. Ici aussi, des mesures doivent être prises, mesures auxquelles les citoyens peuvent adhérer. «Agenda 2030 et plan climat sont intrinsèquement liés», même si le développement durable ne s’arrête pas au seul climat, dans la mesure où le premier intègre aussi les aspects sociaux.

«Le climat est l’élément par lequel nous devons commencer, sans omettre toutefois les autres dimensions», insiste la directrice d’Ecoparc. Ainsi, dans certains pays, s’atteler à régler le problème climatique peut contribuer à atténuer les inégalités femmes-hommes. En Suisse, la mobilité et la consommation, en particulier la construction (pour l’énergie), déterminent entre autres les rejets de gaz à effet de serre. Des facteurs appelés à figurer dans les plans climats cantonaux.

Dans le canton de Neuchâtel, le plan climat est en voie de finalisation avant sa présentation au Conseil d’Etat, puis sa mise en consultation durant l’hiver. Le document devrait proposer de nouvelles mesures en se concentrant sur la réduction des gaz à effet de serre et sur l’adaptation aux changements climatiques, en complément à la mise en œuvre de l’ambitieuse nouvelle loi cantonale sur l’énergie. A Fribourg, par exemple, il est question de réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici à 2030 au regard de la situation en 1990.

Philippe Lebet

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