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Le destin de Francesco, des chantiers jusqu'à l'Université

Docteur en sciences humaines, Francesco Garufo a pourtant commencé sa vie professionnelle comme peintre en bâtiment.

27 sept. 2011, 15:05

Il vient tout juste d'obtenir avec succès son doctorat en sciences humaines. Assistant et chercheur post-doctorant, il partage désormais son temps entre les Universités de Neuchâtel et de Lyon.

A 39 ans, Francesco Garufo a déjà signé une dizaine de publications et fait ainsi son petit chemin dans le monde académique. Pourtant, rien au départ ne le destinait à entamer une telle carrière, lui qui a longtemps connu la dure réalité des chantiers plutôt que la douceur des bancs du lycée.

C'est en tant que peintre en bâtiment que ce jeune homme aux yeux rieurs et à la voix grave a débuté sa vie professionnelle. Un destin plutôt étonnant qui démontre «que rien n'est acquis et qu'il est toujours possible de changer de vie, faire ce que l'on aime si on sait saisir les opportunités qui se présentent et que l'on est déterminé».

Fils d'une famille immigrée italo-hispanique, Francesco Garufo est né à Zurich. Ses parents se sont établis au Landeron lorsqu'il avait sept ans. «J'étais bon élève, mais je m'ennuyais à l'école».

Alors, après une scolarité secondaire pas forcément exemplaire, le jeune homme n'a eu d'autre choix que de faire un apprentissage dans l'entreprise de peinture de son papa. «C'était un peu pour moi un solution de facilité. Je l'aidais déjà sur les chantiers pour mon argent de poche».

Envie d'apprendre
Reste que les copains de Francesco, eux, préparaient leur matu au gymnase. Et à la maison régnait une ambiance cultivée. Erudit, son papa aimait commenter l'actualité, parler de philosophie ou de politique.

Autant dire qu'avec cet entourage stimulant, l'accès au savoir titillait le jeune garçon. «J'aimais la peinture, mais ce n'était pas satisfaisant. Alors, tous les soirs, en revenant des chantiers, je me plongeais dans les bouquins. Mais je ne voulais pas en rester là».

Ainsi, de 1992 à 1995, tout en peignant le jour, Francesco a préparé sa matu en cours du soir à Lausanne. Un travail énorme, «mais qui était un vrai plaisir pour moi qui avait tellement envie d'apprendre».

Une fois le bac en poche, Francesco s'est alors assis sur les bancs de la faculté des lettres de Neuchâtel, où il a pu assouvir son intérêt pour l'histoire, les sciences politiques et l'archéologie classique. Tout en continuant il est vrai de tenir pinceaux et rouleaux à côté.

Au moins, le jeune homme était dans son élément. «Mais c'était quand même drôle de se retrouver accueilli au British Museum alors que quelques temps avant, j'étais encore sur les échaffaudages. En parallèle à ses études, Francesco Garufo a travaillé ensuite au Teletext, puis obtenu sa licence, un master post-grade et entamé un doctorat sur le thème de l'industrie horlogère suisse et l'immigration.

«Il y a une part de curiosité autobiographique assez évidente dans ce choix. L'immigration, c'est mon histoire, celle de mes deux parents».

Trois enfants
En parallèle à la préparation de cette thèse, Francesco est surtout devenu le papa de trois enfants qu'il a eu avec Anne, son grand amour, sa complice qui a suivi et encouragé son parcours depuis qu'il avait entamé le gymnase du soir.

La famille a aussi acheté une ancienne maison à Cernier. «Je bricole beaucoup dedans pour la rénover». Y'aurait-il quelque nostalgie de l'époque des chantiers? «Non! Pas du tout. Quand j'étais peintre, je ne rêvais que d'une chose: pouvoir bien m'habiller, mettre une belle chemise. Je ne supportais plus de porter la salopette!»

Son parcours atypique, Francesco Garufo en est certes fier, mais il est surtout conscient de sa valeur humaniste. «J'ai la chance d'avoir connu des milieux et des réalités sociales et économiques très différents. Cela me permet de bien comprendre les diverses représentations que peuvent avoir les gens sur les réalités de l'existence».

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