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Le chariot magique

La vie en institution de retraite nous est contée grâce au personnel actif entre ses murs. Aujourd’hui, Florence Tallandier, animatrice responsable au home Temps présent à La Chaux-de-Fonds, parle du chariot magique qui a circulé dans l’institution en plein confinement.

27 mai 2021, 16:00
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«Allumer le feu, allumer le feu…!» Oui, c’est bien la voix de Johnny Hallyday qui résonne dans le corridor du 1er étage de notre home, un après-midi du mois d’avril, l’année passée. Le confinement auquel nous a soumis la pandémie de Covid-19 aurait pu nous contraindre à l’éteindre ce feu, mais c’est bien mal connaître la profession d’animateur.

Jamais cette période n’a été aussi génératrice d’idées, d’animations inédites, d’inventions, pour que la vie dans la maison continue envers et contre tout. Oui, bon d’accord me direz-vous, mais, c’est quoi le rapport avec Johnny Hallyday? J’y viens!

Avec le confinement, c’est toute la dynamique d’une maison qui est touchée, alors il a fallu imaginer une animation itinérante à la manière des colporteurs d’autrefois pour aller à la rencontre des résidents cloîtrés dans leurs chambres. Je décidai de récupérer un chariot et en le décorant un peu de le transformer en «chariot magique». J’y installai une quantité de choses: livres, jeux, laine, aiguilles à tricoter, mandalas, crayons de couleurs, chocolat… Mais pour qu’il soit vraiment magique, je lui ai rajouté une fonction: celle de faire de la musique. Ainsi chaque après-midi, il devenait «chariot magique musical».

Le principe était simple, se positionner sur le palier d’un étage et lancer la musique. Au bout de quelques minutes, les portes des chambres s’entrouvraient et des dames apparaissaient, étonnées mais rayonnantes. Alors les chansons s’enchaînaient, au fil des semaines, chacune réfléchissait à un morceau qu’elle aimerait écouter pour la fois d’après, c’est comme ça qu’un jour la voix de Johnny retentit. Mme M, ancienne professeure de claquettes, bien qu’assise, retrouvait les pas de danse et les mouvements des bras, pendant que les autres chantaient sur «I’m singing in the rain». Mme J elle, demanda la chanson «Marina», le prénom de sa fille qu’elle ne voyait plus que depuis sa fenêtre de chambre, confinement oblige.

Le chariot musical célébrait les anniversaires et jouait parfois les consolateurs. En effet, Mme V qui partageait sa chambre avec Mme C apprit son retour prochain à la maison. Attristée par la nouvelle, une infirmière lui demanda ce qui pourrait apaiser la peine causée par le départ de sa voisine: le passage du chariot musical apparut comme un remède efficace.

Ces rencontres musicales étaient une occasion d’exprimer une part de soi, de partager des moments conviviaux, des moments précieux où l’on se sent vivant, où on allume le feu.

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