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Le bégaiement sur le devant de la scène à Valangin

Daniela, Maria Nora et Michaël ont témoigné de leur bégaiement devant une soixantaine de personnes, samedi, à Valangin, peu avant que le comédien bruxellois Bertrand de Wolf entre en scène. Rencontres.

27 janv. 2019, 18:15
Maria Nora, 17 ans, Michaël, 14 ans, et Daniela, 31 ans (de gauche à droite), ont témoigné sur scène avant le spectacle «Le voyage fabulé».

«Bègue. Quel est le con qui a inventé ce mot-là. Bègue, c’est comme bossu. Ça englobe toute ta personne, mais le bossu, il n’est pas rien que sa bosse, il a une famille, des enfants, un travail, il cotise…»

Bertrand de Wolf sait de quoi il parle. Ce comédien bruxellois a attendu l’âge de 44 ans pour faire part de son bégaiement. Il l’a fait devant une troupe entière: «J’ai senti l’admiration dans les regards, je me suis senti libéré.»

«Un monde de stratégies»

L’homme d’aujourd’hui 52 ans avait jusqu’alors l’habitude de rire de lui-même et d’indiquer simplement qu’il «trébuchait sur les mots». Pourtant, le simple fait de dire son prénom a été un combat durant une longue partie de son enfance.

Cette guerre intérieure, il l’a racontée devant une soixantaine de spectateurs en présentant «Le voyage fabulé», samedi après-midi, à Valangin. Dans le cadre de la Journée mondiale du bégaiement, l’Association parole bégaiement l’a convié à venir faire part de son vécu.

«La personne qui bégaie vit dans un monde de stratégies, où elle doit sans cesse se maîtriser», lâche le Belge sur scène. Avec une forte dose d’autodérision, il conte notamment comment la simple commande d’un «pain gris de campagne coupé» devient une bataille presque perdue d’avance.

Des batailles, Daniela, 31 ans, Maria Nora, 17 ans, et Michaël, 14 ans en ont connu dans leur vie. Mais ce samedi, ils sont montés sur scène pour témoigner avant la représentation.

«Je parle beaucoup trop»

Michaël, écolier vallonnier scolarisé en 11e année au Val-de-Ruz, a un âge où la différence peut être difficile à vivre. «Au début, je bégayais beaucoup, mais personne n’a jamais été méchant avec moi», explique-t-il. A sa connaissance, personne ne bégaie au sein de sa famille. Son défi? Apprendre à parler moins vite. «Je me concentre pour ralentir. Quand je lis un texte ça va, mais si je veux parler aussi vite que je pense, ça coince», confie-t-il.

«Je l’ai toujours bien vécu, je m’assume… Je crois même que je parle beaucoup trop», sourit Maria Nora, en troisième année au lycée Jean-Piaget, à Neuchâtel. Elle ne se souvient d’aucune moquerie de ses camarades, «on me dit souvent que ça me donne du charme», raconte-t-elle. Prochaine étape pour la jeune de Fontaines? Les examens oraux, qu’elle entraîne avec son orthophoniste. Dans son entourage, sa mère et son grand frère bégaient également.

«Ma famille n’a pas considéré que c’était un problème. Mon père était aussi bègue, c’était donc normal… C’est bien plus tard, au travail, que j’en ai pris conscience lorsqu’une collègue m’a dit que je bégayais. Il m’a fallu du temps pour reprendre confiance en moi», narre Daniela, assistante en pharmacie établie à Corcelles. Jeune maman d’un petit bout de 21 mois, elle veut lui prouver qu’on peut vivre heureux, quelle que soit son élocution.

Le Bruxellois Bertrand de Wolf sur scène. (Photo: Muriel Antille)

 

Bégaiquoi?
Le bégaiement se manifeste généralement dans les situations d’échange avec autrui, plus rarement en lisant, en jouant un rôle, en chantant, en discutant avec un jeune enfant ou un animal. On peine aujourd’hui encore à définir d’où vient ce trouble. Les dernières recherches privilégient la piste neurologique. On est plus ou moins prédisposés au bégaiement, mais d’autres facteurs jouent un rôle dans son développement. L’hérédité en est un: les enfants qui ont des parents bègues présentent trois fois plus de risques de développer le trouble.

 

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