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La pénurie de logements désavantage les familles à faible revenu

Le manque d'appartements se fait sentir depuis une dizaine d'années sur le Littoral neuchâtelois et désavantage particulièrement les familles à faible revenu.

24 mars 2011, 11:33

Avec un taux de vacances de 1,3% en moyenne, c'est-à-dire 1,3 logement disponible pour 1000 logements, le marché du logement neuchâtelois se trouve en situation de pénurie pour la dixième année consécutive.

Toutefois la situation est très différente selon les régions, comme l'explique Pascal Magnin, chef de l'Office cantonal du logement: «Le marché du logement est très disparate. Dans le haut du canton, il y a un potentiel de logements vacants (2% à La Chaux-de-Fonds et 4,7% au Locle), ainsi que dans le district du Val-de-Travers (1,52 %). Dans les districts de Neuchâtel (0,49 %), Boudry (0,48 %) et le Val-de-Ruz (0,59 %), il y a clairement une pénurie de logements».

Une situation plus ou moins comparable à d'autres régions de Suisse romande: le taux d'appartements vacants dans le canton de Vaud est de 0,46% et de 0,23% à Genève, alors que la moyenne nationale se situe aux environs de 1% depuis 2005.

Les familles précarisées, premières victimes
Cette pénurie dans le bas du canton touche particulièrement les familles à faible et moyen revenu selon Pascal Magnin: «Cette configuration du marché pousse les loyers à la hausse, car ce sont les propriétaires qui tiennent le couteau par le manche. Les familles précarisées et les gens à l'aide sociale ont de grandes difficultés d'accession au logement sur le Littoral».

D'autant plus que, comme le rappelle Me Marie-Claire Jeanprêtre Pittet, cheffe du service juridique de l'ASLOCA, le droit au logement n'est pas un acte juridique. «Un bailleur fait ce qu'il veut de son appartement, il n'a pas à justifier le prix qu'il fixe, ni pourquoi il refuse tel ou tel locataire».

Elle signale toutefois que le locataire peut contester le prix de son loyer dans les 30 jours suivant la signature du bail à loyer. «C'est le juge qui décide d'une éventuelle baisse. Je me souviens d'un cas où le loyer est passé de 1350 francs à 820 francs».

Un clivage Haut-Bas
Il est plus facile de se loger à La Chaux-de-fonds et au Locle, le taux de vacances y étant plus élevé. Et attrait supplémentaire, les loyers sont nettement moins chers que dans le bas du canton. «Pour le prix d'un 3 pièces à Neuchâtel, on peut trouver un 4 pièces, voire plus, dans les Montagnes neuchâteloises» témoigne Olivier, en quête d'un appartement.

Mais ce qui pourrait sembler une aubaine pour les familles à faible revenu qui peinent à se loger sur le Littoral s'avère en réalité pas si simple. Il semblerait que les habitants du Bas rechignent à déménager dans le haut du canton.

Pascal Magnin le déplore: «Cela pourrait être une solution, mais ce n'est pas le cas. Il faut admettre qu'il y a un clivage Haut-Bas, et que les gens habitant sur le Littoral ont beaucoup de peine à monter s'installer dans les Montagnes neuchâteloises».

A en croire le chef de l'Office cantonal du logement, les gens préfèrent rester sur le Littoral à n'importe quelle condition. «Il y a de plus en plus de familles qui vivent dans un tout petit appartement, voire deux familles qui se partagent le même logement. J'ai même vu des gens qui vivent à l'année dans un camping».

La quadrature du cercle
Alors, comment endiguer cette pénurie dans le bas du canton? «Nous avons un problème majeur, il n'y a pas la matière première, c'est-à-dire de terrains disponibles. Alors qu'on aurait besoin de créer du logement sur le Littoral, il y a très peu de parcelles à bâtir. Et celles qui appartiennent à des privés sont achetées par des promoteurs qui construisent un immeuble en PPE, cela ne touche donc pas la gamme de personnes précarisées», relate le chef de l'Office cantonal du logement.

Ironie du sort, il reste des surfaces à bâtir dans le haut du canton. «Mais il y a déjà suffisamment d'appartements sur le marché, il est donc délicat d'y construire de nouveaux logements».

Une prise de conscience politique
Il existerait pourtant bien quelques pistes pour améliorer la situation selon Pascal Magnin: «Pour moi, il y a deux clés: la première, c'est de dézoner des terrains pour pouvoir construire des appartements non pas spéculatifs avec des prix très élevés ou en PPE, mais des logements à loyer modéré. La deuxième chose, ce serait de créer une allocation aux logements, en marge de l'aide sociale. Par exemple en donnant une allocation logement aux familles qui gagnent moins de 30'000 francs de revenu annuel».

Mais compte tenu de l'état des finances des collectivités publiques, le chef de l'Office cantonal du logement a de la peine à imaginer une réponse favorable du gouvernement ces prochaines années. «Il faut une prise de conscience politique. Le droit au logement est quand même un droit constitutionnel».

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