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La Fédération horlogère suisse craint la montée des protectionnismes

Le secteur horloger, l’un des plus touchés en Suisse par la pandémie de Covid-19, s’inquiète de la montée des protectionnismes. Ses exportations, vitales pour le maintien de l’emploi, chuteront de près d’un quart en 2020. L’an prochain s’annonce sous de meilleurs auspices.

22 déc. 2020, 12:02
Envers et contre tout, la faîtière des horlogers se montre optimiste pour l'année prochaine.

Au terme d’un exercice pour le moins inhabituel, Jean-Daniel Pasche insiste sur l’importance du libre-échange. «Des pays ont doublé ou triplé leurs droits de douane, comme la Turquie ou l’Arabie saoudite», illustre le président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH).

«Quelque 80% des exportations sont certes couvertes par des accords de libre-échange, y compris la Chine.» Mais le problème reste entier avec des marchés à fort potentiel qui n’en bénéficient pas, à l’instar de l’Inde, du Brésil ou de l’Indonésie, et pour lesquels il convient d’améliorer les conditions-cadres à moyen et long terme.

Libre-échange en votation

L’accord entre l’AELE, dont fait partie la Suisse, et l’Indonésie, et ses 267 millions d’habitants, constituera l’un des objets soumis au peuple le 7 mars. Les référendaires contestent le volet touchant à l’huile de palme. Les importations de celle-ci seront soumises à des conditions strictes de durabilité, a assuré le Conseil fédéral.

Outre la votation, qui donnera un signal, demeure en suspens l’accord de libre-échange entre l’AELE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). «L’ouverture des marchés reste une préoccupation majeure de la FH. La Suisse est un pays exportateur, la tendance à la fermeture aura un effet boomerang préjudiciable.»

«Le secteur soutient aussi la fin des droits de douane industriels à l’importation en Suisse», indique le président de la FH, pour qui il y a une logique entre exportations et importations. L’accord avec le Mexique, en vigueur depuis 2001, a permis d’augmenter fortement les livraisons vers ce marché, où elles sont six fois plus importantes que celles à destination du Brésil.

Assurer l’emploi

Il en va du maintien de l’emploi à l’avenir. La branche, troisième secteur exportateur suisse, derrière la pharma-chimie et l’industrie des machines, occupait encore 57 550 personnes au 30 septembre. Un effectif un recul de 2,6% sur un an, dans le contexte de la crise sanitaire, avec le canton de Neuchâtel comme premier employeur.

L’année 2020 subira une baisse de près d’un quart des exportations (-23,5% après onze mois). «La contraction est un peu plus forte que celle de 2009, dans la foulée de la crise financière», rappelle Jean-Daniel Pasche. Mais le rebond qui avait suivi en 2010 ne se répétera pas dans la même ampleur, malgré un exercice 2021 attendu en croissance.

La prévision se fonde sur une lente reprise après l’écroulement du printemps 2020. «Novembre a constitué le meilleur mois depuis le début de la pandémie», souligne-t-il, en dépit d’un recul des exportations de 3,2% sur un an à près de 2 milliards de francs (-23,5% après onze mois), grâce à «un retour en force» de la Chine.

Achats locaux

«Les Chinois achètent chez eux», explique Jean-Daniel Pasche. «Il y a une volonté de favoriser les dépenses localement, un phénomène nouveau, appelé à se renforcer.» Ailleurs, notamment en Europe, la peur du lendemain réfrène les envies. Quant aux Etats-Unis, la période électorale n’est jamais favorable aux ventes de montres.

«L’arrivée de Joe Biden apportera davantage de sérénité, même si le passage de Donald Trump n’a rien changé pour le secteur», constate le président de la FH. La guerre commerciale sino-américaine n’est pas réglée. Elle apparaissait comme le principal facteur d’incertitude il y a un an, avant l’arrivée de la crise sanitaire.

Longtemps en tête, Hong Kong figure au troisième rang des destinations, derrière l’empire du Milieu et les Etats-Unis. En chute de 38,5% depuis janvier, la valeur exportée y souffre du Covid-19 et de l’instabilité politique. La situation liée au Brexit est atténuée par l’accord de libre-échange avec le Royaume-Uni.

Vaccination

Au final, Jean-Daniel Pasche s’attend à une année 2021 meilleure que 2020, avec notamment l’espoir de voir la vaccination permettre un lent retour à la normale. «Impossible de prédire en revanche quand un retour aux chiffres de 2019 interviendra», avance-t-il.

Les exportations horlogères devraient approcher 17 milliards de francs cette année. Bien loin des 21,5 milliards de l’an dernier et des 22,2 milliards, le record établi en 2014.

Philippe Lebet

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