Poisson d'avril
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Démagogie, populisme ou vraie prise de conscience politique?
Contrarié par la présence de la Suisse dans le top 20 des pays affichant les pires impacts sur l’environnement, le Conseil fédéral a imaginé, dans l’urgence, plusieurs moyens de faire baisser l’empreinte écologique du pays.
Parmi les idées jetées sur la table, la création d’un impôt climatique fédéral (ICF) fait son chemin. Les contribuables suisses ne seraient ainsi plus taxés uniquement en fonction de leur fortune et de leurs revenus, mais également de leur empreinte carbone, sur le mode du pollueur-payeur.
Bons et mauvais élèves
Celle-ci déterminerait si les citoyens ont un mode de vie durable, normal (selon des critères de consommation revus à la baisse) ou non durable. En fonction de ce classement, les «bons élèves» recevraient un bonus climatique, et les «mauvais élèves» une pénalité plus ou moins élevée en fonction de leur revenu.
Selon nos estimations, le montant de cette taxe pourrait osciller entre 1000 et 25’000 francs par année. Avec un premier inconvénient majeur: même si cet impôt est exponentiel – la même empreinte carbone de 3,2 coûterait par exemple beaucoup plus cher à un «riche qu’à un «pauvre» –, il ressemble tout de même à un permis de polluer que seuls les plus riches auront les moyens de se payer.
Cette «obole» supplémentaire – on parle de quelques milliards de francs par année – viendrait alimenter un fonds de transition écologique, géré par une commission spéciale du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication. Une partie de cet argent servirait à financer des mesures concrètes en faveur de l’environnement. L’autre serait versée au budget courant de la Confédération et des cantons.
Cellule de crise
Une «cellule de crise», composée de politiciens, de hauts fonctionnaires et d’experts en économie et fiscalité, a discrètement élaboré les contours de ce impôt climatique, baptisé Klima 2030.
Un groupe de travail externe, formé de spécialistes de l’Université de Neuchâtel, de la Haute Ecole Arc de gestion et de l’EPFL, a été chargé de définir une méthode «juste et non discriminante» pour calculer l’empreinte écologique des contribuables.
La peur de la rue
La décision du Conseil fédéral ne tombe pas de nulle part. La mobilisation massive des jeunes en faveur du climat fait trembler le monde politique. On commence à admettre que l’avenir de notre planète est l’un des enjeux majeurs d’aujourd’hui. On commence à comprendre aussi que ces jeunes qui crient leur colère dans la rue auront bientôt le droit de vote, s’ils ne l’ont pas déjà. On commence à prendre conscience, enfin, que la bonne volonté citoyenne ne suffira pas pour amorcer un véritable changement de comportement en matière de consommation.
Selon une note interne confidentielle que nous avons pu lire, c’est le canton de Neuchâtel qui a été désigné pour piloter et tester ce projet d’impôt climatique. Les contribuables neuchâtelois pourraient ainsi servir de cobayes dès 2021 ou 2022.
Pourquoi Neuchâtel? «Parce que votre canton fait plutôt partie des mauvais élèves en matière de fiscalité. Si cette taxe passe chez vous, elle passera partout ailleurs», nous a expliqué la source qui nous a présenté le document.
Dimanche soir, aucun conseiller d’Etat n’était disponible pour commenter ces informations.