Sortant de la Fleur en papier doré, cet ancien cabaret des surréalistes belges et mondiaux, moi, descendant d'un doreur, je m'engouffrai ce jour-là au métro de la Gare centrale de Bruxelles pour y quérir un passe de transport public. Au guichet, je tendis un billet de 10 euros. Aussitôt, le préposé du métro rejeta la coupure par la guillotine du guichet me disant qu'elle n'était pas valable. En une fraction de seconde, je me suis retrouvé parachuté dans une case du «Crabe aux pinces d'or». Je balbutiai un pourquoi incrédule que le guichetier saisit au vol en tranchant:
- Nous n'acceptons pas les euros à l'effigie de Sarkozy.
J'étais sur le cul. Devant mon silence putréfié, le fonctionnaire douta:
- Vous n'êtes pas Français? s'enquit-il.
- Euh, pas vraiment, non
- Oh, excusez-moi, je fais le coup à tous les Français. C'est vrai, quoi, avec tout ce que leur président leur fait voir. Je fais le même gag aux Italiens avec Berlusconi.
- Ah, bien, dans ce cas, la prochaine fois que je viendrai en Belgique je prendrai un 10 euros arborant la tronche de votre président fantôme, dis-je en pensant à cette extraordinaire vacance présidentielle qui dure depuis des mois.
Avec ça, on s'étonne que l'euro ne vaille que dalle. Même sans les vauriens qui les manipulent.
