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L’Etat de Neuchâtel doit-il investir de manière éthique?

Le Grand Conseil neuchâtelois doit se pencher sur une motion populaire relative à l’environnement. Elle demande que l’Etat et les institutions qui en dépendent n’investissent plus dans des fonds liés aux énergies fossiles. Pourquoi? Est-ce possible? Robin Augsburger, représentant de la Grève pour le climat, et Jean Fehlbaum, député PLR au Grand Conseil, en débattent.

25 juin 2019, 18:00
L'Etat de Neuchâtel et les institutions qui en dépendent devraient-elles éviter d'investir dans des fonds soutenant l'énergie fossile?

Robin Augsburger: «Pas durables»

Le constat est que notre économie est basée sur les énergies fossiles. Elles ne sont pas durables parce que ces énergies sont en train de s’effondrer et qu’elles polluent énormément. Le monde entier, mais l’Etat de Neuchâtel en particulier, doivent sortir de ce type d’énergie.

Nous demandons que l’Etat et toutes les institutions qui en dépendent n’investissent plus dans des fonds liés aux énergies fossiles afin que ça donne une impulsion pour une transition écologique conséquente. Que nous sortions enfin de l’approvisionnement en énergies fossiles. Nous demandons que les fonds concernés soient redirigés vers des investissements éthiques, majoritairement locaux, par exemple dans les énergies renouvelables.

Nous demandons aussi la transparence. Nous ne savons pas du tout dans quoi l’Etat et les institutions parapubliques investissent. Elles sont censées n’avoir rien à cacher. L’argent de l’État provient des contribuables, et il est normal que lesdits contribuables sachent ce qui en est fait. Ce n’est malheureusement pas le cas actuellement. Ça permet un réel contrôle et l’assurance que les engagements soient tenus. Par exemple, qu’on sorte du pétrole mais qu’on n’aille pas alors investir dans des fonds qui soutiennent l’extraction des métaux.

Ce qui est vraiment visé, ce sont les investissements directs, les placements financiers. Pour l’Université de Neuchâtel, ça fait des mois que nous demandons où est investi l’argent. Nous n’avons pas de réponse. Nous pensons aussi notamment à la BCN, à Prévoyance.ne. La fortune de ces institutions ne dort pas seulement sur un compte.

Jean Fehlbaum: «Contre-productif» 

La Loi cantonale sur l’énergie, dont une nouvelle mouture sera présentée à l’automne, de même qu’un ensemble d’autres dispositions pratiques en cours d’évaluation ou d’introduction devrait se révéler nettement plus efficaces pour lutter contre le réchauffement.

Par ailleurs, le principal investisseur potentiel ciblé par la motion se trouve être Prévoyance.ne, laquelle est soumise dans sa politique d’investissement à la LPP, pour laquelle notre instance législative cantonale n’est pas compétente. Par conséquent l’éventuelle mise en œuvre de cette motion demanderait d’importants efforts de lobbying au niveau fédéral.

Un autre argument clé à notre sens est la notion même d’éthique que l’on souhaite poursuivre avec ce genre de motion: est-ce préférable d’investir dans une entreprise qui est active dans les énergies fossiles mais qui rémunère et développe correctement les compétences de ses collaborateurs ou dans une entreprise qui travaillerait dans un secteur réputé «noble» (santé ou parascolaire par exemple), mais pratiquerait le dumping salarial? Qui arbitrera le match idéologique entre une éthique environnementale et une éthique comportementale? Où se situeront les limites?

En outre, la part croissante des biocarburants dans les consommations d’énergie dite fossile représente une alternative de transition indispensable. Or, ils sont portés et développés en bonne partie par les mêmes producteurs qui sont actifs dans les vraies énergies fossiles. Refuser d’investir dans ce secteur peut donc être largement contre-productif.

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