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L’acteur neuchâtelois Bruno Todeschini, invité d’honneur des 54e Journées de Soleure

«Le secoueur de citrons de Marin» – c’est lui qui le dit! – en a fait du chemin depuis qu’il a quitté le canton de Neuchâtel, il y a 36 ans. Il a joué dans plus de 130 films. Le comédien Bruno Todeschini est l’invité d’honneur des 54e Journées du cinéma de Soleure qui se déroulent jusqu’au 31 janvier. Interview.

25 janv. 2019, 17:06
Le comédien Bruno Todeschini, invité d'honneur aux Journées du cinéma de Soleure.

Bruno Todeschini est né à Couvet, a grandi et poussé le ballon à Marin. Parents italiens, Tony son père avait fondé le club de football et sa mère, Paulette, tenait la buvette. C’était avant 1982. Avant qu’il ne troque son métier de peintre en bâtiment contre celui d’apprenti comédien sous la houlette de Patrice Chéreau, à Nanterre, à Paris.

Il y a fait ses gammes avec son pote Vincent Perez. Depuis, il a tourné avec Jacques Rivette, Arnaud Desplechin, Michael Haneke, Jacques Doillon, Chéreau évidemment dans «La Reine Margot» et «Mon frère» où il a été nominé pour le César du meilleur acteur.

«Ses» femmes au cinéma

Il a culbuté Catherine Deneuve sur un banc public dans «Ma saison préférée» d’André Téchiné, tenu dans ses bras Anouk Grinberg pour le remake TV de «Jules et Jim», côtoyé Isabelle Adjani, Valeria Bruni-Tedeschi, Sophie Marceau, Juliette Binoche. Et André Dussollier, Charles Berling ou Vincent Perez.

Aujourd’hui? Il est l’invité d’honneur des 54e Journées de Soleure qui organisent une rétrospective de treize de ses 130 films et téléfilms, une table ronde samedi et une master class dimanche. Bruno Todeschini, toujours sous les feux des projecteurs.

Quand vous avez appris que vous seriez hôte d’honneur à Soleure, ça vous a fait rire?

Pourquoi rire?

Car vous n’avez pas l’ego hypertrophié, celui qui règne souvent dans le microcosme du cinéma. Vous portez plutôt un regard assez lucide sur votre place dans ce monde-là.

Je sais que mon métier n’est pas ça, être invité d’honneur. Mais c’est très agréable d’être reconnu pour son travail. Même si ce n’est pas un but en soi. Après «Mon frère» de Chéreau, si je m’étais amusé à faire toutes les promos et tous les festivals où j’étais invité, je n’aurais plus travaillé. Je suis parti il y a 36 ans et être célébré dans son pays, ça fait chaud au cœur.

En fait, le festival ne savait pas que j’étais de retour au pays depuis deux ans. J’habite à Genève avec ma fille. Les attentats de novembre 2015 se sont déroulés tout près de chez moi. Ma fille a été traumatisée. On a déménagé car on en avait marre d’avoir vingt militaires devant la boulangerie! Et maintenant, je pendule.

Conférence, master class, rétrospective, les gens viennent pour vous voir et vous écouter. Impressionnant non?

Être invité d’honneur, c’est une première. Je me dis que j’ai pris de l’âge!

On peut le donner? La question est souvent taboue.

Bien sûr, 56 ans. A Paris, j’ai vu ma tête en grand sur les colonnes Morris. A Soleure, je suis placardé en géant sur une façade. C’est moi et pas moi. J’ai beaucoup de distance avec ça. C’est le jeu agréable et il y a la reconnaissance de ses pairs. Frédéric Maire, le directeur de la Cinémathèque, était là jeudi soir et il revient samedi pour qu’on mange ensemble. Des réalisateurs viennent exprès pour la table ronde, ça fait plaisir, je ne vais pas m’en cacher. Ces relations comptent énormément. C’est comme si on avait préparé un anniversaire surprise.

Bruno Todeschini s’affiche à Soleure en invité d’honneur des 54e Journées du cinéma. Keystone

Aujourd’hui, c’est plus dur de décrocher des rôles?

Oui et non. Au cinéma comme au théâtre, il y a sept rôles d’homme pour trois de femmes. A la télé, on prend des comédiens qui ont 30-40 ans. Les rôles de jeunes premiers, c’est fini! Mais j’en ai d’autres. C’est un processus normal. Je suis au clair avec ça. La vie est belle à 56 ans et on sait qu’elle est précieuse, car plus courte. Bon, j’ai toujours trouvé que la vie est belle! J’ai confiance.

Quels sont vos projets?

Ceux pas signés, je n’en parle pas. Je viens de tourner un western entre l’Espagne, la France et le Canada. Puis en fin d’année, j’étais à Bangui, en Centreafrique, pour un biopic sur une jeune journaliste et photographe de guerre française qui s’est fait assassiner là-bas, en 2014. J’en suis aussi au début de l’écriture de mon premier scénario. J’ai envie de diriger des acteurs. Ce serait une première. Je donne des cours et j’adore cela.

Quel contact entretenez-vous avec le canton de Neuchâtel?

Ma maman est toujours à Marin. J’étais chez ma tante à Couvet, à Noël. J’en ai raté qu’un depuis que je suis parti en 1982! Jeudi soir, à Soleure, j’ai vu Alain Ribaux. On est né la même année, on a parlé d’Audax. On a dû jouer l’un contre l’autre. Et comme anecdote, mon pote Eric Cantona, qui est un peu connu, voulait venir vivre à Neuchâtel il y a 4-5 ans. Pour la qualité de vie. Finalement, ils ont acheté avec sa femme des oliviers au Portugal.

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