«Cette odyssée vers l’Espagne, dans des conditions intolérables, m’a profondément marquée. Plus de quatre jours de navigation, et autant de souffrances supplémentaires et inutiles infligées aux rescapés. Des vagues jusqu’à 4 mètres, des vents de 30 nœuds. L’Aquarius tanguait et ballottait ceux qui osaient se déplacer sur ses ponts. Nous installions des cordes pour permettre aux hommes de se rendre vers l’abri, car le pont arrière n’était plus suffisamment sûr pour y passer la nuit.
Le mal de mer frappait. Allaitant son bébé d’un côté, une femme régurgitait dans un sac en papier que lui tendait l’équipe médicale de l’autre. «Ma tête tourne, je n’arrête pas de vomir, je n’en peux plus», m’a-t-elle dit.
Et puis dimanche, à l’approche du port de Valence, les cris et les danses de joie sur le pont de l’Aquarius. En pleurs, le premier rescapé qui va poser pied sur le sol espagnol nous prend...