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Grand Conseil neuchâtelois: faut-il interdire les conseillers communaux professionnels?

La commission de réforme des institutions du Grand Conseil neuchâtelois propose d’interdire les membres des exécutifs communaux professionnels de siéger en son sein. Le sujet sera traité lors d’une prochaine session. Béatrice Haeny, cheffe du groupe libéral-radical au Grand Conseil, et Katia Babey, députée et conseillère communale socialiste de La Chaux-de-Fonds, en débattent.

28 mars 2019, 14:27
/ Màj. le 28 mars 2019 à 17:00
Plusieurs conseiller communaux professionnels siègent au Grand Conseil. Une commission propose d'interdire ce type de cumul de mandat.

Béatrice Haeny: «Du sang neuf»

C’est mon avis personnel, le groupe libéral-radical ne s’est pas encore prononcé sur cette question. Ça pose un problème. C’est une sorte de conflit d’intérêts. Les intérêts d’un conseiller communal ne sont pas forcément ceux du citoyen ou du canton. Cette situation entraîne des blocages.

Nous avons pensé à beaucoup de choses. Par exemple, limiter leur nombre à deux membres éligibles. C’est difficile. Comment le faire? Pour la Ville de Neuchâtel, si Thomas Facchinetti, Fabio Bongiovanni et Christine Gaillard sont élus, un des trois doit renoncer à son élection. Ça pose un problème parce qu’ils sont de trois partis différents. Finalement, la commission a estimé qu’il est plus simple de l’interdire.

De manière plus générale, ça pose un problème sur le plan de l’information. L’information que détient un conseiller communal n’est pas la même que celui d’un député lambda. Les responsables communaux ont davantage de liens avec l’Etat. Le Grand Conseil serait vraiment la représentation du peuple. Il ne doit pas être le défenseur des communes face à l’Etat. Typiquement, la péréquation est un sujet éminemment communal. Tout le monde regarde la dernière colonne et qui gagne ou perd.

Ce serait aussi moyen de diluer le pouvoir. La démocratie va mieux si les gens n’ont pas trop de casquettes. Une interdiction d’être élu n’empêche pas que les politiques aient des liens avec le Conseil communal.

C’est aussi très difficile pour les autres candidats lors des élections. Un conseiller communal a une plus grande visibilité. Ça permettra de plus d’amener du sang neuf au sein du Grand Conseil.

Katia Babey: «Absence de logique»

Je trouve cette proposition assez maximaliste. Il est vrai qu’on peut toujours se poser la question des incompatibilités. Mais c’est ouvrir une boîte de Pandore. Pourquoi seulement les exécutifs communaux professionnels? Pourquoi pas les élus des législatifs, les employés de l’Etat?

Cette exclusion d’une infime partie de la population me semble sujette à caution. Ce canton se veut un espace de quatre régions. Les élus communaux sont ceux qui connaissent le mieux les enjeux et les spécificités de leurs régions. Par leur connaissance, ils peuvent influencer ou alerter selon les décisions qui seraient prises et leur impact. L’expérience du terrain est précieuse, dommage de s’en passer.

Dans tous les législatifs, nous trouvons les ingénieurs pour les routes, les enseignants pour l’école. Dans les commissions, ils peuvent avoir une influence bénéfique. Dans le cas de la loi sur l’aménagement du territoire, nous sommes contents d’avoir des experts de ce type. On peut les suivre ou pas. Il y a d’abord la technique et, ensuite, la politique. Mais c’est dommage de s’en priver.

Exclure les élus professionnels et pas ceux des petites communes, ça me heurte. Nous pourrions avoir cinq conseillers communaux d’un petit village et les trois grandes villes en seraient privées. C’est tout le monde ou c’est personne.

De l’avis du Conseil communal de La Chaux-de-Fonds, ce n’est pas une bonne solution Elle ne va pas dans le sens de bien travailler avec le canton. Il y a une absence de logique.

En autoriser deux seulement, c’est encore plus incongru. Zéro, c’est moins mauvais, juridiquement parlant.

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