Deux jumeaux qui paraissent minuscules passent dans le couloir, couchés sur de petits berceaux à roulettes. C’est leur premier voyage dans le monde réel. Ils pleurotent. Affairées, aucune des blouses blanches ne s’arrête à cette banale scène de «bureau», à l’étage des salles d’accouchements et de consultations de la maternité de Pourtalès, à Neuchâtel.
On est en août, il y a du passage dans le couloir. Dans la salle du fond, Lana s’installe sur le lit. Tout baigne pour elle, à une semaine du terme de la grossesse. Elle est surprise de voir entrer deux hommes sages-femmes et un journaliste. «Je ne peux pas dire sage-femme pour un mec», lâche-t-elle avec un fort accent slave. «De toute façon, je fais confiance.»
Maxime Haubry et Lucas Navarro, les deux seuls «mecs» du service, lui expliquent l’étymologie du mot: «C’est la sagesse des femmes, dans le sens de savoir par expérience.»...