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Des conseils pour devenir collectionneur d’art régional

Commencer par une collection d’art neuchâtelois est possible pour tout un chacun, à condition de suivre quelques règles. Les spécialistes donnent leurs conseils.

12 nov. 2019, 05:30
Walter Tschopp collectionne plusieurs centaines d'oeuvres de différents styles et époques, qui occupent tous les espaces de sa maison de Saint-Blaise.

Le monde de l’art est souvent perçu comme inaccessible. On le côtoie dans les musées, mais il reste hors de nos murs, loin de notre salon. Pourtant, nul besoin de moyens démesurés ou de connaissances spécialisées pour se lancer dans la constitution d’une collection privée.

«On peut trouver de fantastiques gravures à 50 francs, ou des dessins originaux à 200 francs», souligne Jean-Luc Barbier, propriétaire de la galerie des Annonciades à Saint-Ursanne. Le canton de Neuchâtel constitue une excellente porte d’entrée, puisqu’il regorge de galeries et d’artistes.

La production est si abondante qu’on peut facilement être perdu.
Christian Egger, directeur de la Galerie C

Léopold Robert, Le Corbusier ou Olivier Mosset ne représentent que la pointe de l’iceberg d’un univers foisonnant, dans lequel les professionnels aident à s’orienter. «La production est si abondante qu’on peut facilement être perdu. Nous jouons un rôle de filtre, en nous portant garants du professionnalisme des artistes et de la durabilité de leurs œuvres», défend Christian Egger, directeur de la Galerie C.

Débuter modestement

Pour lui, le plus important au départ est d’écouter son cœur. «Il faut commencer par ce que l’on aime.» Le meilleur moyen de s’épargner de potentiels regrets, c’est de miser d’abord sur des pièces à prix modestes. «Il faut éviter d’économiser exprès pour sa première œuvre», souligne Jean-Luc Barbier.

«Ce n’est qu’en achetant, et en faisant des erreurs, qu’on parvient à exercer son œil», ajoute Walter Tschopp, ancien conservateur du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel et lui-même collectionneur. «Le contact régulier avec les galeristes, les artistes et d’autres collectionneurs permet de devenir connaisseur petit à petit.»

A Hauterive, la galerie 2016 permet par exemple de repartir avec une œuvre originale par an, en échange d’une cotisation annuelle de 180 francs. «C’est une bonne façon de débuter une collection avec de petits moyens», estime Walter Tschopp. Quartier Général (QG), à la Chaux-de-Fonds, présente régulièrement de jeunes artistes prometteurs. «Il est ainsi possible d’acheter leurs œuvres à petits prix, au tout début de leur carrière», relève Corinna Weiss, directrice du QG.

Se documenter

S’il est bon de laisser parler son cœur, mieux vaut toutefois ne pas craquer au premier regard. «Il faut se méfier des coups de foudre, dont on se lasse plus vite que des œuvres qui nous hantent», souligne Christian Egger. Pour mûrir sa réflexion, il est conseillé de se documenter sur l’artiste, son travail, son message.

Quand une œuvre nous parle, il faut essayer de comprendre pourquoi.
Pierre-Yves Gabus, directeur du cabinet d’expertises Arts Anciens à Montalchez

«Quand une œuvre nous parle, il faut essayer de comprendre pourquoi», conseille Pierre-Yves Gabus, directeur du cabinet d’expertises Arts Anciens à Montalchez. Quelques clés peuvent aider à évaluer le travail d’artistes contemporains. «On peut voir s’ils ont percé en regardant dans quels galeries, musées ou fondations ils ont exposé, car ces institutions légitiment et valident leur œuvre», explique Corinna Weiss.

Parmi les artistes neuchâtelois ayant la cote aujourd’hui, on cite volontiers, entre autres, Maude Schneider, Yannick Lambelet, Catherine Gfeller, Benoît Jeannet et, presque systématiquement, les frères Till et Léopold Rabus.

Léopold Rabus (1977), «Autoportrait» 2018. Galerie C

Pour le plaisir des yeux

En matière d’art moderne et ancien, on trouve aux Annonciades certains artistes neuchâtelois assez connus, comme William Röthlisberger, Ferdinand Maire ou Francis Roulin, dont les tableaux dépassent souvent les 2000 francs. D’autres, moins célèbres, sont accessibles pour quelques centaines de francs, comme Léon Berthoud ou Max Theynet, «qu’on peut trouver dans des brocantes, alors que son travail est de qualité muséale», juge Jean-Luc Barbier.

Max Theynet (1875-1949), «Lac de Neuchâtel», non daté. Galerie Les Annonciades.

Pierre-Yves Gabus miserait aussi sur Léon Berthoud, «parce qu’il n’est pas cher», et sur Edmond de Pury, «parce qu’il risque de monter». Le marchand d’art constate également que, ces derniers temps, les collectionneurs raffolent en particulier de Charles L’Eplattenier. «Il a été redécouvert récemment, quand Hodler a atteint son apogée, parce qu’il a une manière de peindre similaire à la sienne.»

Charles L’Eplattenier (1874-1946), «Le Cervin», 1944. Galerie Les Annonciades.

Tous les spécialistes préviennent toutefois: investir dans l’art dans le seul but de s’enrichir équivaut un peu à jouer à la roulette russe. «C’est beaucoup plus stratégique et moins émotionnel», résume Christian Egger. Tout le monde s’accorde enfin pour dire qu’en art aussi, l’appétit vient en mangeant. Sauf qu’une fois qu’on commence, on n’est jamais vraiment rassasié.

Liés au thème

Léopold Rabus. Rencontres. Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel, jusqu’au 8 mars 2020.

Chefs-d’œuvre de la peinture neuchâteloise. De Léopold Robert à Edmond de Pury, Hôtel Pourtalès-Castellane, Neuchâtel, jusqu’au 17 novembre 2019.

Roger A. Dubois, Galerie 2016, Hauterive, du 9 novembre au 15 décembre 2019.

Super marché, marché de Noël de design et art contemporain, Quartier Général, La Chaux-de-Fonds, 20 au 22 décembre 2019.

Olivier Mosset, Mamco, Genève, du 25 février au 21 juin 2020

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