«Quand j’ai été nommé à l’Université de Neuchâtel, je savais que j’étais l’un des derniers chercheurs à pouvoir documenter les patois valaisans en voie de disparition. Il y avait urgence. Les derniers locuteurs étaient âgés.»
Passionné et passionnant, le professeur de dialectologie Andres Kristol a marqué toute une génération d’étudiants en Lettres de l’Université de Neuchâtel. En 1994, cet historien des langues s’est lancé dans un projet ambitieux et inédit: répertorier les richesses des parlers valaisans francoprovençaux figurant sur la liste rouge des langues menacées de l’Unesco.
La dernière dame à parler sa langue
De 1994 à 2001, le professeur, accompagné d’assistants et d’étudiants, a sillonné les vallées latérales du Rhône pour interviewer, caméra au poing, une cinquantaine de locuteurs patoisans répartis dans 21 villages valaisans. «Nous ne pouvions pas sauver une langue, mais nous avions le devoir de préserver sa mémoire», souligne Andres Kristol.