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Débat au CIES: quand les clubs romands rejouent le match

Les dirigeants de Sion, Neuchâtel et Genève ont échangé, jeudi soir à Neuchâtel, sur ce qui pourrait sortir le foot romand de la torpeur. Bien sûr, ils ont parlé d’argent. Mais pas que.

22 févr. 2019, 17:44
Lors du débat "Comment redonner des couleurs au foot romand?", à Neuchâtel, le 21 février 2019. Avec, de gauche à droite, Raffaele Poli (CIES), Christian Binggeli (Xamax), Christian Constantin (FC Sion), Constantin Georges (Servette de Genève).

«Si Christian Constantin est pauvre, alors nous, on est au social!» a lancé jeudi soir Christian Binggeli, président de Neuchâtel Xamax FCS, à l’aula des Jeunes rives de Neuchâtel.

A l’invitation d’«ArcInfo» et du Centre international d’étude du sport (CIES), devant près de 250 spectateurs, les dirigeants des principaux clubs de ce côté-ci de la Sarine étaient venus discuter du spleen du foot romand et des pistes pour aller vers des jours meilleurs.

C’est vrai, ni Servette, ni Xamax, ni même le FC Sion n’ont les moyens financiers de Bâle ou Young Boys. Et c’est encore plus compliqué de briller lorsque l’on joue dans un championnat bien modeste sur le plan international.

Donner leur chance aux jeunes

Que faire, alors? «La Suisse est devenue un championnat tremplin qui forme des joueurs qui partent ailleurs. On les perd, mais c’est un bon modèle économique. Là, il y a une marge de progression», a rappelé Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football du CIES.

Christian Constantin a indiqué que le FC Sion, qu’il préside, investit près de 4 millions par an pour les jeunes, une politique qui commence à porter ses fruits. Si Xamax en est encore bien loin, Christian Binggeli a annoncé que le club allait enfin aligner une équipe de M21. De quoi garder au sein du club des joueurs pas encore assez mûrs pour la première.

Mais pour que des jeunes prennent de la valeur, encore faut-il les faire jouer au plus haut niveau. Constantin Georges, directeur général du Servette de Genève, en a conscience: «On a une académie dont on est très fiers, on met beaucoup de moyens, mais on doit faire des efforts supplémentaires pour imposer ces jeunes. Ce qu’il faut déjà, c’est choisir un staff et un coach qui donnent leur chance à ces jeunes. Après, il y a la vérité du samedi, à ne pas occulter: l’objectif du coach, c’est d’abord de gagner des points.»

Une Super League nouvelle formule?

Une autre piste ébauchée lors des débats, et qui concerne aussi les clubs alémaniques, consisterait à réinventer la Super League. En entretenant davantage le suspense au fil des mois, on pourrait mieux garnir les stades et, pourquoi pas, revaloriser les droits télévisés.

Raffaele Poli a évoqué la possibilité d’organiser des championnats plus courts, comme en Amérique du Sud. On pourrait imaginer un champion d’hiver et un champion d’été, puis une phase finale avec les meilleures équipes. Christian Constantin a, lui, évoqué la possibilité d’intégrer une dose d’élimination directe.

Un championnat à douze ou quatorze pourrait aussi relancer l’intérêt. Mais attention, il faut déjà apporter de la sécurité aux clubs, rappelle Raffaele Poli: «Aujourd’hui, deux clubs sur les dix de la Super League risquent la relégation, soit 20% des équipes. C’est trop: dans les grands championnats, on est à 15%.»

Les affaires sont derrière

Les invités ont également regretté l’absence de vision du foot suisse. Christian Binggeli a donné un exemple qui l’a «choqué», le choix de la plupart des clubs alémaniques, qui l’ont emporté au niveau national, d’aligner la période du mercato sur les autres pays européens, privant les clubs suisses de «soldes» dont ils bénéficiaient jusqu’à présent.

Quoi qu’il en soit, tous ont conscience de la nécessité de construire désormais sur des bases saines, après des années marquées par les affaires. «Les liens entre le club et le public ont souffert», a admis Constantin Georges pour Genève.

Oui, il est urgent de rétablir la confiance. «Mais il ne suffit pas d’avoir une grande agglomération cosmopolite pour développer une grande identification au club», observe Raffaele Poli.

Finalement, sur le terrain comme dans les tribunes, ce qui fait la différence tient aussi à un certain chauvinisme, avance-t-il: «On a l’impression que les Alémaniques ont plus souvent le couteau entre les dents. Sans aller jusqu’à vouloir casser l’adversaire, les Romands ont peut-être à apprendre de cet état d’esprit, de ce sens du combat…»

Retrouvez l’intégralité du débat en vidéo...

 

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