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De la vie dans les champs et les vignes

A Neuchâtel, plus d’un cinquième des surfaces agricoles sont réservées à la promotion de la biodiversité. Agriculteurs et viticulteurs présentent quelques mesures prises dans leur exploitation, qui voient insectes, oiseaux et fleurs se réinstaller peu à peu.

26 mai 2020, 07:00
Lorsque l'on se promène en bordure de champs et de vignes, il est possible d'observer plusieurs aménagements mis en place pour promouvoir la biodiversité.

Avec ses grandes différences d’altitude et sa diversité géologique, la Suisse possède une multitude d’espèces et d’habitats. Cette riche biodiversité est précieuse, notamment pour la sécurité alimentaire du pays. Mais elle n’a cessé de s’appauvrir depuis de nombreuses années, à cause, entre autres, de l’urbanisation et de l’agriculture intensive basée uniquement sur le rendement. Un processus que les autorités tentent d’inverser, grâce à la mise en place de différentes mesures de la part des exploitants, compensées par des paiements directs. Dans ce cadre, l’agriculture, en tant que principale utilisatrice des sols suisses, a un rôle majeur à jouer.

Un réel progrès en 20 ans

A Neuchâtel, en 2019, 21.25% des surfaces agricoles utiles (SAU) étaient enregistrées comme surfaces de promotion de la biodiversité (SPB). Cela signifie que plus d’un cinquième des sols utilisés pour la production végétale dans le canton sont dédiés à la préservation de la faune et la flore. A cela s’ajoutent encore des mesures ponctuelles dans les cultures, comme les patchs à alouettes.

En Suisse, la moyenne se situe à un peu plus de 15%. Pour toucher les paiements directs, la base légale fédérale est d’au minimum 7% par exploitation. En plus de cela, sur une base volontaire, les exploitants peuvent mettre en réseau leurs surfaces avec celles des autres participants de la région. Le canton compte 18 de ces regroupements, appelés EcoRéseaux.

En 2000, le taux de SPB par rapport aux SAU était de 7.5% à Neuchâtel. Philippe Jacot-Descombes, conservateur cantonal de la nature, détaille: «Il y a eu un démarrage progressif de la mise en place des EcoRéseaux dans les années 2000, avec l’impulsion, entre autres, du Service de la faune, des forêts et de la nature (SFFN) et de la vulgarisation agricole. A partir de 2014, les adaptations apportées à la promotion de la biodiversité dans la politique agricole ont ouvert les consciences. Une large majorité d’exploitations participent aujourd’hui à cette dynamique.»

Mais quelles sont exactement ces mesures? Fleurs sauvages, chants des oiseaux nicheurs et bourdonnements des insectes: lorsque l’on se promène en bordure de champs ou de vignes, il est possible d’observer plusieurs de ces aménagements.

Alouettes et orchidées sauvages au Val-de-Ruz

Agriculteur à Savagnier, Jean-Marc Fallet applique dans ses cultures des patchs à alouettes. «A l’automne, lorsque je sème, je lève le semoir sur quelques mètres, environ trois fois par hectare. Cela laisse un trou dans la culture.» Cet oiseau menacé nidifie au sol et apprécie particulièrement les champs de blé. «Vers le mois de juin, l’alouette repère ces patchs qui lui servent à la fois de garde-manger et de piste d’atterrissage. Elle a besoin de six semaines pour mener à bien sa nichée.» Une pratique que Jean-Marc Fallet réalise depuis une vingtaine d’années. «Cette mesure m’a tout de suite tenu à cœur. Quand j’étais enfant, j’entendais leur chant, et c’est vrai qu’il devenait rare. Depuis que je pratique les patchs, c’est un vrai plaisir de passer à proximité et de les entendre chanter.»

Un peu plus loin au Val-de-Ruz, à Cernier, Danielle Rouiller entretient sur son exploitation biologique des haies le long de ses champs. «Je dois aussi laisser 3 mètres de chaque côté pour permettre le développement de toute la vie qu’elles abritent. Plantes, rongeurs, insectes et oiseaux, il faut les tailler selon un plan précis pour que cela soit propice à certaines espèces.» L’agricultrice a pu observer le développement de la biodiversité sur ses haies. «J’aime surtout le prunier sauvage, et on entend bien que cela fourmille de vie. Ce qui m’a vraiment émerveillé, c’est de voir des orchidées sauvages y pousser. Les couleurs sont magnifiques à cette période.»

Des mesures différentes selon l’altitude

Les mesures à privilégier ne sont pas les mêmes selon l’altitude des exploitations. A plus de 1100 mètres, à La Sagne, Frédéric Matile pratique la culture extensive dans certaines de ses pairies et ses pâturages: «Sur ces parcelles, la fauche est limitée et réglementée, et il n’y a pas de fumure. Cela favorise la diversité végétale, les insectes comme les sauterelles, mais aussi les lièvres et les oiseaux nicheurs.»

Président de la Fédération du paysage Le Locle – La Chaux-de-Fonds, Frédéric Matile a aussi coordonné une action pour l’exploitation sylvo-pastorale, typique de la région: «A l’automne dernier, avec le soutien du Service de l’agriculture et du SFFN notamment, plusieurs agriculteurs ont pu venir chercher des arbres que nous avions commandés pour les replanter dans leurs pâturages. Cela permet de renforcer et rajeunir les pâturages boisés, et donc la biodiversité qu’ils offrent.»

Des viticulteurs motivés

Les viticulteurs ont aussi un rôle à jouer pour la biodiversité. Chef de culture et responsable qualité pour le château d’Auvernier, Yann Van Vlaenderen explique: «Beaucoup de viticulteurs jouent le jeu par ici. Réunis en réseau, nous nous sommes battus pour le Torcol fourmilier notamment, en réalisant des cavités dans les murs ou par la pose de nichoirs dans des arbres et des baraques de vigne, là où cet oiseau aime nicher. Il y a aussi des façons de faucher nos vignes qui permettent de favoriser la biodiversité. Alors qu’il y a encore quelques années, c’était mal vu de laisser ses bordures de parcelles parsemées d’herbes hautes, aujourd’hui, on observe beaucoup plus ce comportement.»

Des résultats encourageants? «Seuls des experts peuvent l’affirmer, mais on peut sentir que nos vignes ont beaucoup plus de vie. On entend les oiseaux dans les murs, les abeilles sauvages et beaucoup de microfaunes comme des criquets. C’est très positif, d’autant que plus la biodiversité est grande, plus elle permet d’aider dans la protection de nos vignes contre des ravageurs.»

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