Il y a des sujets qui font plus réagir que d’autres. Prenez l’affaire de la statue de David de Pury: elle a suscité plus de 600 commentaires sur la page Facebook d’«ArcInfo». Quant à la pétition qui demande qu’on retire cette statue, elle en est à environ 1500 signatures (qui peuvent provenir il est vrai du monde entier).
Ces commentaires, parfois véhéments, vont dans tous les sens. Avec des extrêmes. Il y a ceux qui rejettent tout de «cet abominable esclavagiste» (alors que ce terme ne convient pas). Il en est d’autres qui se limitent à rappeler ce que la ville de Neuchâtel doit à ce très généreux donateur (alors qu’il a bel et bien fait fortune, en partie, sur la traite des Noirs et l’esclavage).
L’avenir dira si la pétition a atteint son but. La statue de David de Pury sera-t-elle déboulonnée? Déplacée dans un musée? Maintenue là où elle est? Est-ce qu’on y apposera une plaque expliquant comment le négociant neuchâtelois a fait fortune?
Dans tous les cas, cette pétition a atteint un premier objectif, et il est salutaire: elle fait savoir, à ceux qui l’ignoraient, qui était David de Pury (et avec lui d’autres Neuchâtelois qui se sont enrichis plus ou moins directement grâce à l’esclavage). Quant à ceux qui le savaient – ou pire: qui ont cherché à cacher la réalité –, ils ne peuvent plus rester impassibles.
Mettre en lumière les zones d’ombre du passé, toutefois, ne suffit pas. Est-ce que chacun de nous a bien en tête, par exemple, qu’une bonne partie du cobalt utilisé pour confectionner les smartphones est récoltée dans des mines où travaillent des dizaines de milliers d’enfants?