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«Dans la difficulté, on s'entraide, c'était aussi le cas en Europe avant»

Une soixantaine de Sénégalais sont installés dans le canton de Neuchâtel. Et permettent à leurs familles restées en Afrique de «mieux vivre». Parmi ces immigrés, Mouhamed Basse. Un professeur de physique qui a l'habitude qu'on le teste sur ses capacités.

03 oct. 2009, 08:51

«Le racisme en Suisse? Il n'apparaît jamais de manière flagrante. Mais il est latent. En tant que scientifique, j'ai le sentiment qu'on m'a parfois demandé plus qu'aux autres, qu'on a cherché à me tester, à vérifier mes compétences. Il faut être fort dans ces moments-là et oublier sa couleur de peau.»

Mouhamed Basse est professeur de sciences à l'école secondaire. Il fait partie des rares Sénégalais à avoir pu migrer vers l'Europe sans passer par la case «clandestinité».

«Je suis arrivé en Suisse en 1988. J'avais obtenu ma licence en physique à l'Université de Dakar. Je voulais me lancer dans un doctorat. Grâce au soutien financier de mes parents, j'ai pu venir à Neuchâtel.»

Mouhamed le dit lui-même: son arrivée en Suisse a été «facile» comparée à celle de nombreux autres compatriotes. «Mes parents me versaient 300 000 francs cfa par mois (700 francs suisses). Je n'avais pas la conscience tranquille. C'était une grosse somme.»

En arrivant à Neuchâtel, Mouhamed Basse a pour objectif de réaliser son doctorat puis de rentrer au Sénégal. «Je n'avais jamais imaginé rester. Je n'étais pas parti avec pour mission de gagner de l'argent et de soutenir ma famille, puisqu'elle n'était pas dans le besoin. Mes parents étaient d'ailleurs réticents à ce que je passe trop de temps en Suisse.»

Vingt ans plus tard, Mouhamed Basse vit toujours à Neuchâtel. L'amour est passé par là et le Sénégalais a épousé la Suissesse Nadia.

Ensemble, ils envoient régulièrement de l'argent vers le continent noir. «Je donne parce que c'est un devoir et que j'en suis fier. L'éducation que j'ai reçue, je la dois à mes parents. Donc maintenant, je veille à ce qu'ils ne manquent de rien», confie Mouhamed Basse.

«L'argent nous est donné pour être partagé. Grâce à ma situation en Suisse, j'ai pu aider beaucoup de gens démunis qui me sont chers. Le partage est fortement ancré dans la culture africaine. Avant, c'était aussi le cas en Europe. Dans la difficulté, on s'entraide»

Mais si Mouhamed n'a pas oublié son éducation, il a tout de même pris des habitudes plus «helvétiques»: «La ponctualité, je l'avais déjà au Sénégal. Ça m'a facilité la vie à Neuchâtel. Par contre, j'ai beaucoup appris à écouter les autres en Suisse. Au Sénégal, les gens parlent souvent en même temps et ne s'écoutent pas toujours.»

Mouhamed rêve de rentrer un jour dans son pays. «J'ai souvent des coups de blues. Si je n'avais pas de famille ici, je serais retourné au Sénégal. Le jour où nos enfants seront indépendants financièrement, on pourra y réfléchir. Il n'y a rien de mieux que de vivre dans son pays. Ce n'est jamais de gaieté de c½ur qu'on le quitte.» /VGI

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