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Covid: demande en hausse aux urgences psychiatriques

Etabli au sein des urgences du RHNE, le Centre d’urgences psychiatriques offre une prise en charge spécialisée aux patients en crise. Les consultations ont été multipliées par cinq depuis 2012. Pandémie oblige, la demande s’est notablement accrue.

14 mars 2021, 17:00
De gauche à droite, le Dr Vincent Della Santa, médecin-chef des urgences, et le Dr Stéphane Saillant, qui dirige le Centre d'urgences psychiatriques.

Urgences somatiques et psychiatriques sont prises en charge côte à côte au Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNE) depuis 2012: le Centre d’urgences psychiatrique (CUP), un service du CNP (Centre neuchâtelois de psychiatrie), est installé dans les unités des urgences de l’hôpital Pourtalès et de La Chaux-de-Fonds.

Un concept qui vise à offrir une réponse adéquate lors de situations de crise, troubles mentaux, événements traumatisants ou nécessitant une prise en charge à la fois somatique et psychique. De 2 800 la première année, les consultations sont passées à environ 16 000 en 2020. La 2e vague Covid-19 a notamment engendré une hausse de la demande.

1. 20% DES PATIENTS DES URGENCES ONT UN TROUBLE PSYCHIQUE

Accueil téléphonique, conseils d’un spécialiste, interventions immédiates, évaluations, orientation vers des structures de soins: le CUP a pour vocation de répondre aux situations de crise. Selon le Dr Vincent Della Santa, patron du Département des urgences, 20% des patients admis pour un problème somatique présentent un trouble psychique.

Il s’agit de personnes en proie à une forte agitation, tentatives de suicide nécessitant des soins physiques, patients âgés en état confusionnel aigu avec dégradation rapide. Dans ces cas, les urgentistes font intervenir le CUP.

«Les décompensations franches représentent 10-20% des cas, les intoxications ou sevrages à des substances 20-25%. Pour le reste, ce sont souvent des individus ou familles en crise. Nous cherchons à comprendre ce qu’il se passe, ce qui a généré cette situation», explique le Dr Stéphane Saillant, médecin-chef du CUP.

2. INTERVENTIONS DE CRISE AVEC SUIVI SUR PLUSIEURS SEMAINES

Pour les patients, le CUP réunit plusieurs avantages. «Il nous permet d’effectuer un suivi et de les revoir sur plusieurs semaines, selon un modèle d’intervention de crise développé en Suisse romande il y a de nombreuses années», précise le Dr Saillant.

L’approche est pluridisciplinaire pour tirer parti d’une diversité de regards. La structure a permis d’accélérer le transfert des patients nécessitant une hospitalisation au Centre neuchâtelois de psychiatrie. Pour les urgentistes, la prise en charge des patients en crise aiguë a été protocolée en collaboration avec le CUP.

«Ces personnes ont beaucoup de force et peuvent être dangereuses pour l’équipe médico-soignante», signale le Dr Della Santa. «C’est stressant de s’occuper de gens qui crient, se débattent. Quand j’ai commencé aux HUG, dans les années 90, ils étaient attachés à leur lit et hurlaient jusqu’à l’épuisement.»

3. APPROCHE NOVATRICE LORS DE TENTATIVES DE SUICIDE

Doté d’une quarantaine de collaborateurs, le CUP compte une dizaine de médecins et une quinzaine d’infirmiers spécialisés. Présente sur les deux sites de soins aigus, l’équipe officie de 8h à 18h à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds (032 755 25 25) et 24h/24 7 jours sur 7 à Pourtalès, à Neuchâtel (032 755 15 15).

Depuis 18 mois, le CUP propose une prestation disponible en Romandie uniquement à Neuchâtel et au CHUV auprès de personnes qui ont tenté de se suicider: la méthode ASSIP (Attempted suicide short intervention program), développée par l’université de Berne, «consiste en une approche tentant de mieux explorer le processus suicidaire des patients pour mieux répondre à leur souffrance».

Son implantation à Neuchâtel a été appuyée par le Service de la santé publique, précise le Dr Saillant. «Nous avons obtenu un financement de Promotion Santé Suisse pour diffuser la méthode en Suisse romande.»

4. LE TANDEM CUP-SMUR PRIMÉ PAR L’OFSP

Depuis 2015, le CUP collabore avec le SMUR, qui se compose d’un équipage médico-soignant issu des urgences de l’hôpital. La démarche consiste à associer un infirmier spécialisé aux interventions pré-hospitalières nécessitant une compétence complémentaire psychiatrique.

Sept critères d’engagement ont été définis avec la centrale du 144, les ambulanciers et la police, parmi lesquelles les décompensations psychotiques, l’agitation, le refus de soins, les accidents sur la voie publique et tentatives de suicide.

Ce dispositif permet aux urgentistes et ambulanciers de se concentrer sur les impératifs médicaux. Le CUP et le SMUR ont été distingués en 2018 par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui a inscrit leur prestation dans son catalogue des bonnes pratiques interprofessionnelles.

5. DEBRIEFINGS AVEC LA POLICE

En neuf ans, les consultations du CUP ont été multipliées par cinq, passant à environ 16 000 en 2020. La collaboration avec les Urgences a continué d’évoluer avec l’introduction de colloques communs, la mise au point de protocoles conjoints et le travail sur des interfaces d’équipe, «car on doit toujours savoir ce que fait l’autre» signale le Dr Della Santa.

Les deux équipes ont instauré des réunions trimestrielles avec la police pour revenir sur des interventions compliquées et trouver des pistes d’amélioration continue.

En matière de psychiatrie de liaison, le service du Dr Stéphane Saillant a développé des partenariats avec le RHNe pour introduire plusieurs prestations notamment dans les domaines de la chirurgie bariatrique, la réadaptation cardio-vasculaire, le Centre du sommeil, la consultation de sexologie et celle d’infertilité.
 

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