Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Citernes vides et bourses à l'étiage pour les paysans

Les orages des derniers jours n'ont pas suffi à remplir les citernes des paysans non connectés au réseau d'eau. Une situation qui pèse sérieusement sur leur trésorerie.

11 juin 2011, 11:24

Les pluies orageuses et localisées de ces derniers  jours n'ont pas fondamentalement amélioré la situation de pénurie d'eau. «Ce qui est tombé a tout juste mouillé la poussière», lâche un paysan. Les précipitations ont tout de même favorisé la reprise de végétation, mais n'ont pas permis aux nappes phréatiques ni aux citernes de se recharger. Hydrogéologue à L'Office fédéral de l'environement, Marc Schürch décrit une situation particulièrement critique et inédite dans le canton de Neuchâtel. «La majorité des sources ont un niveau très bas. Cest exceptionnel. Depuis que nous faisons des relevés, c'est-à-dire depuis 1959, nous n'avons jamais observé un débit de l'Areuse aussi faible». 

Dix-neuf transports d'eau
Les paysans non connectés au réseau d'eau sont les principales victimes de la sècheresse. Dans les Montagnes neuchâteloises et dans la vallée de La Brévine le problème se pose de manière aigüe. Chez Francis Wüthrich, à Derrière Pouillerel, la citerne est vide depuis la mi-février. «Nous avons déjà fait 19 voyages jusqu'à la Joux-Derrière pour nous approvisionner sur le réseau d'eau de La Chaux-de-Fonds. A chaque fois, nous ramenons 10‘000 m3 d'eau pour nos bêtes et pour notre consommation familiale. Cette alternative est lourde financièrement mais, si nous devions faire appel à un transporteur, cela nous coûterait 216 francs par camion de 10'000 m3 ». Francis Wüthrich souhaiterait développer ses propres capacités de stockage sur place. «Une deuxième citerne de 250 m3 coûterait 100'000 francs. Cela reste un investissement important même en touchant une subvention de 25% de l'Ecap».

Le précieux liquide est en tout cas employé avec parcimonie par les Wüthrich. A l'heure de l'apéro on met davantage de bleue que d'eau dans le verre! Les réflexes d'économie sont quotidiens.

Un bain pour deux
«Lorsqu'on lave la salade, l'eau ne coule pas tout du long au robinet. L'eau du bain sert à deux personnes».

A Beauregard,  Antoinette  Zaugg, agricultrice, vit une situation analogue. «Notre réservoir de 600 m3 est vide. Nous avons déjà puisé dans le réseau plus de 5000 m3, soit une facture de sept à huit francs par m3». 

Le bétail a soif aussi!
Les paysans de la vallée de La Brévine sont logés à la même enseigne. Bertrand Petitpierre, paysan à Baillod, a convoyé 220'000 m3 de plus qu'une année normale pour satisfaire ses besoins. Président du Syndicat des eaux de la vallée, Rémy Grether signale que la sécheresse oblige à pomper davantage dans le réseau du Locle. «Nous arrivons à 1200 m3 par jour contre 400m3 normalement», précise David Rosselet, le fontainier. Il relève que «les besoins en eau de la population brévinière sont une chose, mais qu'il ne faut pas négliger ceux du bétail avec un cheptel d'environ 3650 têtes. Une vache boit entre 30 et 80 litres d'eau par jour».

Nouvelles sources?
La sécheresse 2011 appelle une réflexion portant sur l'existence ou non de réserves en eau qui ne seraient pas exploitées jusqu'à présent. «Il y a encore des possibilités de capter des eaux sur le canton. Il faut savoir toutefois que cela coûte cher de prospecter en couche profondes et que cela est un coup de poker. On peut très bien trouver de l'eau mais aussi du purin à moins 400 mètres à cause du relief karstique de la région», commente Stéphane Gogniat, hydrogéolgue au cabinet Hydrogeos, à Bôle. /APR

Votre publicité ici avec IMPACT_medias