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Chronique climat: «Le paysage, un genre majeur dans l’histoire de l’art»

«Les photographes apportent à leur tour leur compréhension du paysage, gardent des traces de ses évolutions», écrit Nathalie Herschdorfer, conservatrice du Musée des beaux-arts du Locle. Elle inaugure une chronique «climat» dans le cadre de notre thématique «S’adapter au changement climatique».

11 sept. 2019, 17:00
Alt. +1000, festival de photographie organisé en étroite collaboration avec le Musée des beaux-arts du Locle, réunit des artistes qui représentent ce paysage perturbé.

Alors que le Musée des beaux-arts du Locle, le MBAL, consacre ses expositions au paysage, il nous a paru important d’ancrer ce genre majeur de l’histoire de l’art dans le contemporain. Aujourd’hui on parle de changements climatiques, de nature en danger. Les photographes contemporains se sont évidemment emparés de ce thème.

L’un des volets de Alt. +1000, festival de photographie organisé en étroite collaboration avec le MBAL, réunit des artistes qui représentent ce paysage perturbé. Ce sont les peintres qui ont transformé «le pays» – le lieu que l’on regarde – en paysage.

Considéré en Europe comme une invention picturale venue des Flandres qui remonterait à la fin du 15e siècle, le paysage est d’abord une fenêtre ouverte sur un arrière-plan. Il faut attendre le 18e siècle pour qu’il devienne un sujet en soi. C’est alors que les grands paysages montagneux, avec glaciers et précipices, passent de l’horrible au sublime, et que les artistes rapportent des vues de lieux géographiques éloignés. L’exotisme fascine.

Au 19e siècle, le relais est pris par les photographes qui reprennent les codes de la peinture tout en ajoutant une touche de précision rendue possible par l’appareil photographique. Le paysage romantique, celui du dépaysement, va peu à peu faire place à une nouvelle représentation du monde extérieur: les photographes décident de montrer la nature telle qu’elle est.

Leurs images, à la fois belles et terrifiantes, témoignent de notre histoire sur la Terre, plus qu’elles n’accusent.

Au 20e siècle, l’urbanisation croissante modifie les représentations. Le paysage héroïque (celui peint par Charles L’Eplattenier exposé au MBAL) est supplanté par le paysage topographique. Nombre de photographes contemporains s’éloignent du paysage pittoresque.

Aujourd’hui, appréhender le paysage revient à documenter la trace des humains, plus particulièrement l’impact profond qu’ils laissent sur leur environnement. Le monde industriel est parsemé d’objets produits par l’humain qui modifie durablement les lieux que nous parcourons.

En 2019, il ne semble plus possible d’avoir une vision idyllique où l’humain est uni à la nature. La nature a tant été transformée par les activités humaines qu’elle s’en trouve profondément fragilisée. Géographes, sociologues, philosophes, ethnologues, ingénieurs, urbanistes, architectes, jardiniers développent différentes définitions du paysage dans un but de gérer au mieux sa protection, sa conservation, son aménagement.

Les images prennent naturellement une place centrale aux côtés des réflexions menées. Les photographes apportent à leur tour leur compréhension du paysage, gardent des traces de ses évolutions. Ils participent aux réflexions qui mènent à une meilleure compréhension des phénomènes qui affectent notre environnement. Leurs images, à la fois belles et terrifiantes, témoignent de notre histoire sur la Terre, plus qu’elles n’accusent.

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