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«Cette élection a été vraiment digne, il n'y a pas eu de coups bas»

Conseiller fédéral élu, Didier Burkhalter livre ses intentions, sa vision de la Suisse et revient sur la folle journée qui l'a porté au gouvernement. Interview.

17 sept. 2009, 07:03

Il est 17h dans l'antichambre du Conseil des Etats. Le nouveau conseiller fédéral Didier Burkhalter enchaîne interviews et séances photo, depuis le milieu de la matinée. Un véritable marathon. Le Neuchâtelois semble pourtant parfaitement détendu et souriant. Il a même l'énergie de plaisanter. Un peu.

Vous accédez au Conseil fédéral avec une majorité confortable. Votre sentiment?

Je suis très satisfait. Au-delà du résultat, qui est bon, il y a la manière. On a assisté à une recherche de majorité et non à un affrontement.

Vous n'avez pourtant pas éclaté de joie au moment de votre élection…

Je n'ai pas marqué de but! Lors du dernier match de Xamax, un joueur a manifesté sa joie de manière trop expansive et s'est fait expulser. Plus sérieusement, j'ai assisté à plusieurs élections au Conseil fédéral et je constate que les manifestations extrêmes peuvent être mal comprises. Il y a aussi une certaine dignité à garder, par égard pour les autres. Mais je vous assure qu'à l'intérieur, j'ai éprouvé une émotion très forte.

Vous parlez de «dignité» à propos de cette élection. Qu'entendez-vous par là?

Il n'y a pas eu de coup bas, de manœuvres de dernière minute. Ce matin, on s'est retrouvé avec les candidats officiels, dans un vrai combat et un vrai débat de valeur. Cette campagne a été l'occasion de parler de concordance, de la problématique des régions, de l'unité de la Suisse, de sa diversité. Tout cela a donné à cette élection un peu plus de dignité que pour d'autres.

La représentation de la latinité est sauvegardée. C'est primordial?

C'est très important! En Suisse, il existe une forte volonté que les régions participent à l'activité du gouvernement. Une situation avec six Alémaniques et un seul Romand au Conseil fédéral aurait été très difficile.

Elire Urs Schwaller, c'était menacer cette cohésion?

Cela aurait eu deux conséquences. La première: créer ce déséquilibre culturel. La deuxième: remettre en question la concordance. Et là, la tension serait montée d'un cran pour les fédérales 2011.

Tous les parlementaires Neuchâtelois, de gauche comme de droite, vous ont soutenus. Ce geste vous semble-t-il normal?

Je suis très honoré que les Neuchâtelois m'aient soutenu. Mais je constate qu'à gauche comme à droite, j'ai obtenu des soutiens au-delà de Neuchâtel. C'est peut-être dû à ma personnalité. Je ne suis pas quelqu'un que l'on peut automatiquement classer.

Peut-on espérer que les intérêts du canton seront mieux défendus? On pense au TransRun ou aux hautes écoles…

Un conseiller fédéral est élu pour le pays, et non pas pour un canton. Toutefois, la sensibilité d'un conseiller fédéral à l'égard de son canton reste très forte. Et il est vrai que les dossiers en cours, je les connais bien. On peut donc imaginer que je souhaite renforcer cette position.

Vous hériterez en principe du Département de l'intérieur, très exposé. Des craintes à ce sujet?

La répartition aura lieu vendredi. Mais il y a effectivement de fortes chances que j'hérite du Département de l'intérieur. Si c'est le cas, j'en serai très content. Je n'ai pas de crainte et je me réjouis de relever des défis difficiles. Entrer dans un département où tout roule, où il n'y a pas de grands enjeux, ce n'est pas le plus intéressant! Il faut maintenant une nouvelle dynamique pour débloquer des dossiers comme les révisions de l'AVS et de l'assurance maladie.

Vous avez été extrêmement sollicité par les médias. Vous qui êtes de nature discrète, allez-vous supporter cela?

Aujourd'hui, il est normal que je sois sollicité, demain encore. Mais il doit y avoir des limites. Et surtout, il faut faire le tri entre ce qu'il est juste de communiquer et ce qui devient vraiment accessoire. Ces dernières heures, je ne compte plus les fois où on m'a demandé si j'avais mangé une tartine ou un croissant, de quelle couleur est mon pyjama ou si je me suis couché à minuit ou une heure du matin! Ces questions vont trop loin!

On vous a beaucoup vu en famille aujourd'hui. C'est important qu'elle soit venue vous soutenir?

C'est important si mes proches le souhaitent. Et visiblement, ils l'ont souhaité. Même mes fils. C'est une bonne chose! /VGI-FNU

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