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Canton de Neuchâtel: le droit de vote sur demande à 16 ans est-il judicieux?

Le Conseil d’Etat neuchâtelois soutient l’initiative pour le droit de vote à 16 ans. Il ne serait octroyé que si le jeune en fait la demande. Le Grand Conseil doit trancher. Comme il s‘agit d’une modification constitutionnelle, les citoyens se prononceront. Mireille Tissot-Daguette, députée vert’libérale au Grand Conseil, et Michele Barone, vice-président des Jeunes PLR suisses, en débattent.

13 nov. 2018, 18:00
L'initiative pour le droit de vote à 16 ans sur demande a été déposée en novembre 2016.

Mireille Tissot-Daguette: «Motivant»
Députée vert’libérale


Peu de jeunes votent. Du coup, il faut aussi trouver quelque chose pour qu’ils le fassent. Lorsqu’ils sortent de l’école obligatoire, où ils ont terminé leurs cours d’instruction civiques, c’est plus motivant s’ils peuvent appliquer ce qu’ils ont appris. Ils ont d’ailleurs d’autres droits et devoirs comme payer des impôts ou trouver un apprentissage.

Avec le droit de vote à la demande, ceux qui ne se sentent pas prêts ne sont pas obligés de faire la démarche.

Il y a aussi le fait que la population est vieillissante. Dans quelques années, plus de la moitié des votants aura plus de 65 ans. Ils ne sont plus dans la vie active. Il faut contrebalancer avec les jeunes. J’espère que quand on a 16 ans on n’a pas la même vision que les gens de 65 ans.

C’est aussi historique dans le canton de Neuchâtel. Plusieurs pétitions ont été déposées. La dernière, en 2013, émanait de la session des jeunes. Le Grand Conseil a toujours refusé parce que la majorité était de droite. Depuis ce moment, l’idée de lancer une initiative a germé.

Tous les objets communaux et cantonaux qui sont soumis sont des sujets qui touchent toute la population. Ils sont moins abstraits que les objets fédéraux. Les jeunes sont à tout à fait à même de les comprendre et de les saisir. Quand on commence un apprentissage ou le lycée, on est à même de comprendre les enjeux de mobilité, de trouver un travail.

L’initiative sera traitée par la commission législative. Si une majorité y est favorable, ce serait bien. Ce n’est pas impossible. Nous allons essayer d’avoir la majorité au Grand Conseil même si le PLR et l’extrême gauche sont plutôt contre. Ce serait un bon signal.

Michele Barone: «Incohérence»
Vice-président des Jeunes PLR suisses


Le droit de vote, comme le Conseil fédéral le rappelle, n’est pas quelque chose qu’on donne à une seule personne à la fois. Il s’accorde à tout le monde. On ne peut pas le demander ou le refuser. On ne peut pas faire un droit de vote à la carte. Ça ne correspond pas à la Constitution.

Nous avons préféré d’autres solutions. Il y a déjà un désintérêt chez les jeunes de 18 à 25 ans. Nous avons déposé des motions dans les communes, à Peseux et Neuchâtel notamment, pour demander un abonnement à Easyvote pour les jeunes 18 à 25 ans, pour essayer d’intéresser, de vulgariser les choses. J’espère que ça suscitera l’intérêt.

Nous souhaitons aussi des cours d‘éducation civique après l’école. Ainsi, à 18 ans, ils pourront mettre en pratique ce qu’ils ont appris. Ce sont deux mesures que nous voyons comme contre-propositions.

Sur la question de l’âge, il y a une incohérence des partisans, un décalage entre les majorités civique, civile et pénale. Un jeune ne peut pas s’engager pour contracter un abonnement de téléphone à 16 ans et il pourrait s’engager sur les dépenses cantonales et communales.

Il y a d’autres manières de s’engager dans la société. En le faisant dans une association villageoise, sportive, dans un parti aussi.

Même le Conseil d’Etat relève qu’il y a quelques obstacles techniques. Comment organiser ça dans une commune. Un jeune peut-il aller seul pour demander le droit de vote? S’il peut voter de manière électronique, il ne peut pas accéder au guichet unique. Il faut être majeur pour s’inscrire. Vous n’êtes jamais pleinement indépendant. Alors que pour voter, il faut être libre.

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