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«C’est l’histoire d’un coup de fil», l’air du temps de Sophie Winteler

Découvrez la chronique «Air du temps» de Sophie Winteler, rédactrice en chef adjointe.

30 nov. 2019, 05:30
AirDutemps-SophieWinteler

- «Au téléphone, on m’a dit que ça pouvait jouer lundi ou mardi. Comme j’avais déjà quelque chose lundi, je leur ai dit de venir mardi».

Ça s’est réglé en deux phrases. Ou presque. De manière plutôt banale. Deux phrases qui conviennent très bien pour un rendez-vous avec un ramoneur, une paysagiste ou encore un assureur. Mais non.

Quand je les ai entendues dans la bouche d’un bon copain, qui partageait avec moi cette conversation qu’il avait eu avec une de ses amies, il a ponctué ces deux phrases d’un drôle de rire et d’un «tu te rends compte, ça, c’était elle.» De mon côté, un grand silence frisé. Puis j’ai également ri et murmuré un vague «pas croyable».

Il me racontait le coup de téléphone de son amie avec Exit. Un coup de fil tellement peu banal, prendre rendez-vous avec sa mort… Et on a ri. De ces rires mâtinés de cette gêne qui nous étreint, quand on est estomaqué, retourné. Des rires pas aussi clairs que ceux, libérateurs, lors des verrées d’après enterrement, qui permettent de se souvenir de la personne aimée, debout.

Cette détermination à appeler la mort nous laisse souvent pantois. Intellectuellement compréhensible, elle est toujours difficilement imaginable quand on se projette. Car, forcément, se pose cette question: «serais-je capable d’une telle décision?»

Puis certaines personnes s’en vont à l’heure dite le sourire aux lèvres, apaisées. Et il ne nous reste qu’à partager ce sourire. Et même, à rire pourquoi pas, entre deux larmes. 
 

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