«Amour enterré, la mort dans l’âme», l’Air du temps de Sylvia Freda

Envoyées dans l’espace ou enterrées, des capsules contiennent des objets et des informations destinés à être retrouvés par les générations futures, afin que celles-ci prennent connaissance de ce que nous avons été.

En 1929, lorsqu’Ugo a enseveli dans deux tubes en plomb les lettres d’amour échangées avec Letizia, rencontrée sur leur lieu de travail, désirait-il que le monde sache un jour qu’ils s’étaient follement aimés, crier au-delà de la mort la force de ses sentiments? Si tel est le cas, alors il y est parvenu, puisque des archéologues ont pu en révéler une partie lors de fouilles sur la via Appia, à Rome, en 1999. Ce que nous avons découvert avec émotion au Laténium.

Les deux amants avaient nourri un intense échange épistolaire entre 1926 et 1929. Lui était marié et père de famille. Elle était plus jeune que lui et célibataire. Dans une Italie où fascisme et morale catholique se confondent, leur relation interdite les expose à de lourdes peines, ils risquent même la prison.

Profondément malheureux, ils décident de mettre fin à leur liaison. Et dans sa dernière lettre, datée du 29 septembre 1929, Ugo demande à Letizia de lui renvoyer l’ensemble de leur dangereuse correspondance, qu’il préfère inhumer que détruire. «J’avais trouvé en toi le miroir de mon âme, de mon âme, comprends-tu», confie Ugo à Letizia dans l’une de ses missives. «Mais il est bien trop difficile de pouvoir serrer dans ses mains un tel trésor.»