L'application des nouvelles normes, restrictives, de la loi fédérale sur l'assurance chômage (Laci) a d'ores et déjà commencé à causer des dégâts sociaux parmi les plus vulnérables des Neuchâtelois. Dans un premier temps, soit au 1er avril, 941 chômeurs ont perdu leur statut, donc leur revenu jusque-là assuré. 114 autres personnes ont perdu leur gain de chômage durant le mois d'avril, puis 123 en mai et, très vraisemblablement, 136 autres durant ce mois de juin. «C'est à peu près le même nombre qu'au Tessin, mais ce canton compte 300 000 habitants. Cela montre bien que le canton de Neuchâtel est parmi les plus touchés par le durcissement de la Laci», a constaté hier la conseillère d'Etat Gisèle Ory, dans les bureaux du Service social de La Chaux-de-Fonds.
«Gâchis social»
Les prestations à la baisse de l'assurance chômage ont eu un impact direct sur les huit bureaux des services sociaux du canton. «En un mois et demi, 165 nouveaux dossiers ont été ouverts, dont 111 qui n'existeraient pas sans la nouvelle Laci», souligne Raffaele Fasano, chef de l'Office cantonal de l'aide sociale. «Malheureusement, il s'agit souvent de jeunes gens» qui tombent à l'assistance, indique Yves Scheurer, chef de l'action sociale à La Chaux-de-Fonds. En l'occurrence, ces 165 personnes qui ont demandé une aide matérielle ressortent plutôt de la tranche d'âge des 40 à 50 ans. Mais les spécialistes craignent le pire dans les mois qui suivront les remises de diplômes... «La Laci révisée continuera de déployer ses effets au cours des prochains mois», prévient Gisèle Ory. «Par chance, la bonne conjoncture économique en ce début d'année doit permettre à un certain nombre de chômeurs de retrouver un emploi et ainsi de limiter cet immense gâchis social», renchérit la conseillère communale chaux-de-fonnière Annie Clerc.
Surcoût de cinq millions
Sur le plan financier, la drastique coupe du nombre d'indemnités de chômage devrait se traduire, pour le canton de Neuchâtel, par un report de charges de l'ordre de cinq millions de francs pour 2011. «Les aides varient en fonction de la composition du ménage. Mais nous tablons sur un coût moyen de 2500 francs par dossier et par mois», détaille Raffaele Fasano. Soit 412 500 francs pour les 165 nouveaux dossiers depuis avril ou près de 3,7 millions d'ici la fin de l'année. «Comme d'autres cas vont inévitablement arriver à l'aide sociale, nous estimons le total à cinq millions», calcule la conseillère d'Etat, en rappelant que le Grand Conseil a augmenté de 4,5 millions de francs le budget 2011 de l'aide sociale. Heureuse initiative puisqu'«après chaque crise, des gens restent pour toujours à l'aide sociale», note Gisèle Ory.