Je me souviens des peupliers, de leur élan, de leur désir, comme une prière, corps tendus, bras levés, mains jointes au-dessus de leurs têtes. Des frémissements qui couraient tout au long de leurs feuilles jusqu’aux faîtes. Du remuement patient de leurs branches. De leur soif, de leur attente.
J’étais étendue sur la pelouse de la plage, emmaillotée dans un cocon de chaleur et de lumière que pénétraient à peine les caresses et les souffles, les appels du dehors, un cocon de soleil et d’insouciance dans lequel je me blottissais, à l’abri, sur la berge du temps, de ses courants, de ses remous, oublieuse du fil de soie qui pourtant se détricotait subrepticement, dont il ne resterait bientôt plus qu’un petit bout serré inutilement entre mes doigts.
C’était l’été, les vacances, les vacances de chaque été de mon enfance.
Jour après jour, eau paisible, rêve immobile, le monde lové tendrement autour...