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Washington négocie avec les talibans

20 juin 2011, 10:51

De rumeur en révélation, ce qui n'était jusqu'ici que spéculations se confirme: les États-Unis sont bel et bien en train d'accélérer le mouvement pour quitter l'Afghanistan. Hier, le «New York Times» affirmait que, grâce aux récents succès enregistrés contre al-Qaida dans la région AfPak, Barack Obama avait désormais les coudées franches pour envisager un retrait plus rapide et plus substantiel que prévu des troupes américaines du théâtre afghan. Le président américain, qui sait combien la guerre en Afghanistan est devenue impopulaire en Amérique, pourrait annoncer sa décision dès cette semaine.

Samedi, c'est le président afghan en personne qui a «gaffé» fort opportunément. Hamid Karzaï a dévoilé que Washington avait entamé des négociations directes avec les talibans, devant déboucher sur une solution politique du conflit. Un secret de polichinelle, certes, mais la première confirmation officielle que les Américains sont bien en pourparlers avec les talibans «modérés». «Des discussions avec les talibans pour parvenir à la paix sont en cours. Les forces étrangères, les États-Unis en tête, conduisent ces négociations», a déclaré Hamid Karzaï lors d'une intervention devant une assemblée de jeunes Afghans à Kaboul. Ajoutant: «Les négociations de paix entre le gouvernement afghan et les talibans ne se déroulent pas encore selon un calendrier bien défini ni des rencontres entre personnes, mais les contacts sont établis.»

Le président afghan sous-entendait-il par là que les forces de la coalition mènent leurs propres négociations avec les rebelles, parallèlement aux efforts du gouvernement de Kaboul, voire dans son dos? Il est à noter que la plus grande partie du discours de Karzaï, retransmis en direct par la télévision d'État, a consisté à dénigrer les troupes étrangères présentes en Afghanistan. «Il y a quelques années, je remerciais les étrangers pour leur aide; chaque minute, nous leur disions merci. Maintenant, j'ai arrêté. (…) Ils sont ici pour promouvoir leurs propres intérêts, et ils utilisent notre sol à cette fin», a lancé le président afghan.

«Discussions préliminaires»

Hier, Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense sortant, a confirmé du bout des lèvres les révélations de Karzaï. «Le Département d'état et d'autres pays ont entamé des discussions préliminaires avec les talibans», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision CNN. Ajoutant cependant qu'il était «crucial de déterminer qui représente vraiment les talibans. De son côté, Karl W. Eikenberry, l'ambassadeur des États-Unis en Afghanistan, a répondu vertement aux critiques de Karzaï. «Les mères et les pères des soldats tombés, les épouses des soldats qui ont perdu bras et jambes, les enfants de ceux qui ont perdu leur vie dans votre pays - tous se posent des questions sur le sens du sacrifice de ceux qu'ils aiment. Lorsque j'entends quelques-uns de vos leaders nous traiter d'occupants, je ne peux pas regarder droit dans les yeux ni donner une réponse réconfortante à ces parents, ces épouses et ces enfants en deuil», a lancé le diplomate devant un parterre d'étudiants à Hérat, au nord-ouest de l'Afghanistan.

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