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Un volcan en Alaska a contribué à la chute de la République romaine

Le volcan Okmok, situé en Alaska, pourrait être à l’origine de la chute de la République romaine, selon une étude à laquelle des chercheurs suisses ont participé.

22 juin 2020, 21:00
Les données recueillies montrent que l'éruption de l'Okmok en 43 avant Jésus-Christ a été l'une des plus importantes des derniers 2500 ans.

Une éruption volcanique en l’an 43 avant Jésus-Christ a peut-être contribué à la chute de la République romaine. C’est ce que montre une nouvelle étude à laquelle a participé l’Université de Berne. Grosse surprise: le volcan Okmok, qui a chamboulé à l’époque le climat autour de la Méditerranée, se trouve à l’autre bout du monde, en Alaska.

Conditions climatiques extrêmes

Les sources historiques relatent qu’il a fait inhabituellement froid à l’époque de la mort de Jules César, en l’an 44 avant Jésus-Christ. Ces conditions climatiques ont conduit à des mauvaises récoltes, des famines, des épidémies et des troubles. Enfin, ce climat extrême a contribué à la chute de la République romaine et du royaume ptolémaïque en Egypte.

Les historiens supposaient depuis longtemps qu’une éruption volcanique était à l’origine de ce changement climatique abrupt. Mais ils ne pouvaient jusqu’ici ni la dater et la localiser, ni estimer sa puissance.

Acide sulfurique dans l’air

Une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) livre des réponses à ces questions. Au début de l’an 43 avant Jésus-Christ, une énorme explosion s’est produite au volcan Okmok, situé sur les îles Aléoutiennes, au large de l’Alaska. Cette éruption a lancé des gaz sulfureux et des cendres jusqu’à une altitude de 30 kilomètres, laissant sur terre un cratère de 10 kilomètres de diamètre.

 

 

Les conséquences ont été globales: des gouttelettes d’acide sulfurique sont restées suspendues durant plus de deux ans dans l’atmosphère, causant l’une des périodes les plus froides dans l’hémisphère nord depuis 2500 ans.

Carotte glacière analysée

La thèse du Desert Resarch Institute à Reno (Etats-Unis) et du Centre Oeschger de recherche sur le changement climatique à l’Université de Berne est basée sur l’analyse d’une carotte glacière provenant du Groenland. Des chercheurs y ont trouvé une couche de fines cendres volcaniques extrêmement bien conservée. Ils l’ont comparée à d’autres échantillons du Groenland et de Russie.

Les données recueillies montrent que l’éruption de l’Okmok en 43 avant Jésus-Christ a été l’une des plus importantes des derniers 2500 ans, explique Michael Sigl, professeur assistant au Centre Oeschger.

Des analyses géochimiques et des simulations réalisées à Berne ont établi que les températures ont chuté en moyenne de 3, voire 7 degrés dans l’hémisphère nord en été et en automne des années 43 et 42 avant Jésus-Christ. Dans toute l’Europe du Sud, il a non seulement fait froid, mais la météo a aussi été humide. Les récoltes en ont souffert.

Précipitations nombreuses

Les pluies d’été étaient de 50 à 120% supérieures à la moyenne. En automne, il a même plu quatre fois plus que d’habitude, selon le modèle calculé par l’Université de Berne.

Les victimes de ces extrêmes climatiques ont été, entre autres, les armées des assassins de Jules César et des successeurs de celui-ci, qui se livraient une guerre civile sanglante, comme le relate l’historien Plutarque.

Pas de crue du Nil

L’effet de l’éruption en Alaska a été tout autre en Afrique de l’Est. La mousson d’été s’est déplacée vers le sud et la crue estivale annuelle du Nil a totalement manqué, ce qui a été désastreux pour la production de céréales. Les sources historiques parlent de disette et de famine, ce qui a empêché la reine Cléopâtre de fournir aux parties en guerre les céréales dont elles avaient un besoin urgent.

Les auteurs de l’étude sur les conséquences de l’éruption de l’Okmok admettent que différents facteurs ont conduit à la chute de la République romaine et du royaume ptolémaïque. Mais ils sont convaincus que l’explosion en Alaska et les changements climatiques abrupts qu’elle a entraînés ont été des facteurs de stress supplémentaires pour ces empires antiques.

«Notre découverte contribue à combler une lacune qui a longtemps laissé perplexes les archéologues et les historiens», se réjouit Michael Sigl.

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