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Un système d'alerte alimentaire à revoir

07 juin 2011, 11:28

La Commission européenne s'est dit prête hier à réfléchir à une réforme de son mécanisme d'alerte alimentaire. Celui-ci a été mis en cause par l'Espagne notamment pour avoir été déclenché prématurément suite à l'épidémie de la bactérie tueuse.

«Le mécanisme doit être déclenché dès lors qu'il y a des preuves scientifiques qui motivent son déclenchement. Nous allons voir comment assurer pour l'avenir le bon timing de l'alerte», a reconnu le commissaire à la Santé John Dalli lors d'une réunion des ministres de la Santé à Luxembourg.

C'est ce qu'a réclamé la ministre espagnole de la Santé, Leire Pajin, en insistant sur les conséquences irréparables causées au secteur des fruits et légumes en Espagne. Le pays a été accusé sans preuve d'avoir propagé l'épidémie.

Compétence nationale

Mais la Santé reste une compétence nationale au sein de l'UE. La Commission déclenche l'alerte européenne sur la base des informations fournies par l'Etat concerné, en l'occurrence l'Allemagne.

Berlin avait annoncé à l'origine de l'épidémie avoir identifié des concombres bio importés de deux provinces d'Espagne, Almeria et Malaga, comme l'un des vecteurs de la transmission de la bactérie, ce qui s'est avéré faux. Les soupçons se sont ensuite portés sur des graines germées produites dans une ferme allemande, mais les premiers tests se sont avérés négatifs.

«Nous sommes toujours dans la phase d'identification de la source de la contamination et il faut faire diligence», a insisté à Luxembourg le ministre hongrois de la Santé Miklos Rethelyi, dont le pays préside l'UE jusqu'à fin juin.

Vingt-trois morts

L'épidémie a fait 23 morts, dont 22 en Allemagne et un en Suède, après l'annonce hier d'un nouveau décès survenu vendredi en Allemagne. Elle est due à une souche très rare de la bactérie Escherichia coli (E. coli) entéro-hémorragique (Eceh).

La bactérie Eceh provoque des diarrhées sanglantes et, dans les cas les plus graves, des troubles rénaux à travers un syndrome appelé SHU et pouvant être mortels. «1600 cas ont été signalés dont 700 avec des complications graves», a souligné John Dalli.

Si l'épicentre de l'épidémie est cantonné à Hambourg, au nord de l'Allemagne, une dizaine d'Etats européens comptent des malades, dont certains avec des complications. Le Luxembourg et la Pologne se sont ajoutés hier à cette liste, qui comporte aussi la Suisse. Cette épidémie, dont l'origine reste donc toujours inconnue, a été pour la première fois abordée lors d'une réunion européenne hier.

Réunion extraordinaire

Mais cette crise ne semble toutefois pas beaucoup préoccuper. Le ministre français de la Santé n'a pas fait le déplacement de Luxembourg, tous comme ses homologues suédois, danois, britannique et néerlandais.

La secrétaire d'Etat allemande à la Santé, Annette Widmann-Mauz, a défendu la décision d'alerter sur les concombres produits en Espagne. «L'infection provoquée par l'agent pathogène est tellement agressive et la multiplication des cas de contamination a été tellement massive» dans le nord de l'Allemagne «que nous devions explorer chaque piste», a-t-elle dit.

Les maraîchers européens victimes de la crise de confiance des consommateurs consécutive à la bactérie vont pouvoir compter sur des «compensations» financières de l'Europe, dont le détail sera discuté aujourd'hui par les ministres concernés.

Après avoir passé une semaine sur le banc des accusés, Madrid se prépare à inverser les rôles lors du conseil européen extraordinaire, pour exiger d'être «dédommagé à 100%» des pertes subies. / ats-afp

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