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Un ministre chrétien assassiné

03 mars 2011, 04:15

Le ministre pakistanais des minorités religieuses, seul chrétien membre du gouvernement, a été abattu hier à Islamabad. Cet assassinat, revendiqué par les talibans, est un nouveau signe de la détermination des islamistes radicaux à défendre la loi sur le blasphème.

Shahbaz Bhatti n'avait pas de protection rapprochée au moment de l'attentat, ses deux gardes du corps étant restés à son domicile. Ce meurtre survient en pleine controverse dans ce pays musulman sur des velléités d'amendement d'une loi prévoyant la peine de mort en cas de blasphème et l'assassinat début janvier du gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir «insulté» le prophète Mahomet.

Cet assassinat a provoqué une vague de réactions indignées. L'ONU a appelé à réformer la loi sur le blasphème tandis que le Vatican a condamné un «acte de violence inqualifiable». L'Union européenne a dénoncé «le climat d'intolérance et de violence» au Pakistan. Les Etats-Unis, la France et l'Italie ont fait part de leur indignation. A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères a «déploré» cette attaque et appelé les autorités pakistanaises à «faire la lumière sur ce crime et de traduire en justice les responsables».

Shahbaz Bhatti, qui était l'un des défenseurs d'un amendement de la loi contre le blasphème et multipliait les déclarations sur les violences et intimidations dont est victime notamment la minorité chrétienne, se disait régulièrement menacé. «Mais je ne crois pas que des gardes du corps puissent me sauver, après ce qui est arrivé à Salman Taseer. Je crois en la protection du Ciel», avait-il dit.

La loi contre le blasphème suscite la polémique au Pakistan depuis novembre dernier, lorsqu'un tribunal a condamné à mort une mère de famille chrétienne pour avoir blasphémé en 2009 contre Mahomet, une accusation portée par des femmes musulmanes du même village à l'issue d'une querelle.

La justice pakistanaise a interdit au chef de l'Etat de la gracier et un imam de Peshawar proche des talibans a offert une récompense à quiconque tuerait cette chrétienne de 45 ans nommée Asia Bibi. Plusieurs imams et des dirigeants de mouvements fondamentalistes répètent publiquement à l'envi ces derniers temps que l'islam récompense les meurtriers d'apostats ou ceux qui les défendent. /ats-afp

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