L'assassinat, hier matin à Kandahar d'Ahmad Wali Karzaï, le demi-frère du président afghan, augure mal de l'avenir de l'Afghanistan après le départ des troupes de l'Otan. Il montre l'incapacité du gouvernement à assurer la sécurité du pays. Et au-delà du deuil personnel qui frappe Hamid Karzaï, ce meurtre est un coup dur pour le régime de Kaboul.
Très proche de son frère aîné, Ahmad Wali Karzaï, qui était à la tête du Conseil provincial de Kandahar, veillait à ce que le pouvoir présidentiel soit reconnu et respecté dans la province.
Activités mafieuses
Ahmad Wali Karzaï aurait été victime d'une trahison. L'homme qui l'a tué, un certain Sardar Mohammad, était l'un de ses gardes du corps les plus proches. Un «ami de la famille» dans lequel il avait entièrement confiance et qui était auprès de lui depuis dix ans, ont affirmé des témoins. Il aurait même, une fois au moins, assuré la sécurité du président Hamid Karzaï. Les talibans ont affirmé lui avoir donné l'ordre de tuer son frère.
Comme le criminel a lui-même été abattu par un autre garde, le mystère n'est pas prêt d'être élucidé. Outre les talibans, Ahmad Wali Karzaï avait, il est vrai, de nombreux ennemis.
Une chose est sûre, le crime ne manquera pas de doper le moral des talibans. Qu'ils en soient ou non les responsables comme ils le revendiquent, ce sont eux qui récolteront les fruits de l'assassinat de l'homme fort de cette province du Sud qui était, il y a dix ans encore, le fief des «étudiants en théologie».
Enfin, c'est un revers pour les Américains car même si les responsables de Washington s'agaçaient des activités mafieuses du jeune Karzaï qu'ils accusaient de trafic de drogue, ils savaient qu'il était leur meilleur allié dans cette région difficile. «Mon plus jeune frère est mort en martyr dans sa maison aujourd'hui. C'est là la vie du peuple afghan. J'espère que ces malheurs qui frappent toutes les familles afghanes se termineront un jour», a déclaré Hamid Karzaï à Kaboul, visiblement affecté.