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Un an après, le tourisme du tsunami aide à relever le littoral chilien

. Ils viennent passer la journée, mangent un morceau, visitent les zones dévastées, posent à côté d'une ruine, mais ne restent pas car «ça tremble encore». Pour autant, les touristes du tsunami aident, peu à peu, à relever un littoral chilien sinistré il y a un an

26 févr. 2011, 12:02

En cette fin d'été austral, la plage de Dichato est parsemée de baigneurs, sous un ciel maussade. Sur le front de mer, entre quelques restaurants retapés aux terrasses vivantes, des dalles de béton rappellent ici et là l'emplacement d'une maison, d'un commerce balayé.

Coquette station balnéaire du sud chilien, Dichato n'était il y a un an qu'un gigantesque tas de débris. Le 27 février, trois vagues de tsunami, suivant un séisme de magnitude 8,8, ont balayé les trois-quarts de ce village emportant voitures, bateaux, jusque sur les toits. Tout a été nettoyé, mais il ne reste pas grand-chose. «On n'a pas l'impression que la reconstruction a beaucoup avancé», commente René Liberona. Revenu voir Dichato où il passa ses étés de jeunesse entre plages et discothèques, il n'y avait pas remis les pieds depuis dix ans.

Le village de 4000 habitants quadruplait sa population l'été et 15 000 personnes y séjournaient au moment de la catastrophe. L'immense majorité a été épargnée grâce à une évacuation rapide vers les hauteurs. «Les touristes venaient 10 ou 20 jours, à présent Dichato se remplit un peu le week-end, puis se vide», constate Sergio Vasquez, posté à l'entrée du village avec un panneau offrant un logement aux estivants, la maison de son père. La sienne est partie avec la vague du tsunami et il vit dans un des préfabriqués fournis par l'Etat.

«Les visiteurs sont des gens qui viennent voir l'état de Dichato après le tsunami», explique Antonio Alomar, gérant d'un des rares restaurants remis sur pied. «C'est le 'tourisme morbide', comme on l'appelle ici, mais il faut bien en profiter un peu aussi».

Tout est bon pour se remettre un peu du coup d'arrêt de 2010. A l'échelle du pays, le tourisme (3,5% du PIB) a crû de seulement 0,5%, au lieu des 8% par an depuis plusieurs années. Et sur les sites d'un des plus violents séismes du siècle, l'émotion est garantie.

A Concepcion, à 30 km de Dichato, l'immeuble Rio Alto est devenu un «must touristique». Cet édifice de 15 étages, qui s'est écroulé le 27 février de façon atypique, sur le dos, fut une ruine emblématique du séisme, lorsque les secours s'acharnèrent une semaine pour retrouver des survivants. Dix corps furent retirés des décombres du bâtiment, d'où la plupart des habitants avaient pu s'extraire, seuls ou aidés par les secours.

«Au moment du séisme, j'ai suivi tout ça à la télévision, là j'ai profité des vacances pour venir en personne, et ça me touche terriblement. Je n'imaginais pas de tels dégâts», s'émeut Rosanna Payeres. Venue de Vina del Mar à 400 km de là, elle inspecte les ruines avec sa famille et son chien en laisse.

Sa destruction ayant été stoppée pour un problème administratif, l'immeuble reste couché, sur des voitures aplaties. Les estivants glissent la tête entre ses failles, à travers des fenêtres, pour observer les intérieurs ravagés par le tremblement de terre. Le frisson rétrospectif devient parfois réel quand, comme il y a 15 jours, la région de Concepcion est secouée par une forte secousse (magnitude 6,8), provoquant des évacuations en bord de littoral. Encore et toujours des répliques du 27 février 2010, qui dureront des années.

C'est bien le problème, résume la préposée au bureau de Tourisme de Dichato. Les hôtels restent vides, les touristes viennent la journée, mais ne restent pas: «Ils ont peur, parce que ça continue de trembler». /RTO-ats-afp

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