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Un an après l'élection d'Obama, la haine raciste donne de la voix

Il y a presqu'un an, c'était le 4 novembre 2008, l'élection d'un premier Noir à la Maison-Blanche avait amené certains à saluer l'avènement d'une société «post-raciale» aux Etats-Unis. Mais le déluge de haine raciste que continue à essuyer Barack Obama montre que le pays est encore loin d'un tel idéal.

29 oct. 2009, 12:08

En Arizona, un pasteur dit prier pour la mort d'Obama; au Congrès, un représentant républicain lance «vous mentez!» en plein discours présidentiel. Une fois passée l'euphorie du 4 novembre 2008, les réformes du 44e président, particulièrement celle de l'assurance maladie, ont suscité une vague de vindicte dans les profondeurs de l'Amérique blanche.

L'intéressé veut croire que ces attaques ne sont pas motivées par le racisme. Mais dès le soir de son élection, trois Blancs mettaient le feu à une église noire en construction dans le Massachusetts (nord-est) et les crimes racistes n'ont fait qu'augmenter depuis, observe Mark Potok, de l'organisation de défense des droits civiques Southern Poverty Law Center. «Tout cela est assez effrayant», estime ce spécialiste des mouvements extrémistes. «La colère monte, il y a beaucoup d'armes en circulation et une idéologie haineuse. Tout cela mijote dans une sorte de chaudron de sorcière qui pourrait bien déboucher sur du terrorisme intérieur», s'inquiète-t-il.

Pour Mark Potok, la réaction des milieux racistes reflète «un véritable désespoir». «Le fait est que ces gens ont perdu», explique-t-il. «Ils ne pourront plus faire revenir l'histoire en arrière. Notre pays va devenir une authentique démocratie multiraciale et ils n'y peuvent rien».

En 2008, seule une minorité de Blancs ont voté pour Obama, qui n'a dû sa victoire qu'à la mobilisation inédite des minorités noire et hispanique. Il a depuis insufflé «un sentiment d'espoir, d'intégration et dans certains cas, de réconciliation», observe Marc Morial, président de la National Urban League, une autre organisation pour les droits civiques. Selon un sondage CBS, 59% des Noirs jugent désormais positives les relations interraciales, contre 29% l'an dernier.

Quand Barack Obama est né, en 1961, les mariages interraciaux étaient encore interdits dans nombre d'Etats du Sud. La loi interdit aujourd'hui la discrimination raciale, mais un juge de paix vient de défrayer la chronique en Louisiane en refusant de marier un couple mixte.

L'entrée de Barack Obama à la Maison-Blanche est venue couronner une évolution foudroyante, qui a vu les Noirs rejoindre progressivement les rangs des milliardaires, des astronautes, des policiers, des gouverneurs et des présentateurs de télévision. Mais d'énormes disparités continuent à séparer Blancs et Noirs. Près d'une famille noire sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, contre une famille blanche sur six. Le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé chez les Noirs, le taux d'homicide six fois plus. Au cours de leur vie, un tiers des Noirs feront un séjour en prison, contre 6% des Blancs...

«Notre pays n'a jamais été bâti sur l'intégration des Noirs», souligne Robert Rooks du NAACP, l'association de Martin Luther King. «Certains Noirs s'en sortent incroyablement bien, mais la majorité de la communauté se sent totalement marginalisée». A terme, les efforts lancés par l'administration Obama pour généraliser la couverture maladie et l'éducation devraient réduire les disparités. «Mais un an plus tard, les vraies difficultés profondes sont les mêmes, car c'est un changement qui prend du temps», observe Marc Morial. /MIB-afp

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