Le gouvernement intérimaire ukrainien faisait toujours face à une insurrection séparatiste vendredi, perdant à nouveau au moins un homme dans des combats. Cette instabilité dans l'est du pays risque de passablement perturber l'élection présidentielle prévue dimanche.
Des affrontements ont opposé vendredi un groupe de séparatistes et une milice pro-ukrainienne près de Donetsk où les pro-russes ont proclamé par référendum une république autonome suivant le scénario mené à bien en Crimée mi-mars.
Le commandant du bataillon de la région du Donbass a raconté que son unité menait une opération de reconnaissance près de la localité de Karlovka, à 15 km à l'ouest de Donetsk, lorsque ses hommes ont été arrêtés à un barrage tenu par des hommes équipés d'armes automatiques et de lance-grenades.
Des échanges de tirs ont duré pendant plus de trois heures, a raconté Semen Semenchenko. "Nous avons la confirmation d'un mort parmi nos hommes. Nous espérons que les autres ont été faits prisonniers car sinon cela signifie que nous avons cinq tués".
Combats à Slaviansk
Cet incident intervient au lendemain de heurts qui ont coûté la vie à 13 soldats ukrainiens à Volnovakha, autre localité revendiquée par les séparatistes qui confirment leur intention de ne pas renoncer à la violence et faire dérailler le déroulement de l'élection. La ville de Slaviansk a également connu des combats.
De son côté, le chef de la sécurité nationale a précisé que ses services avaient éliminé jeudi un virus informatique mis au point par les séparatistes pour "détruire les résultats de l'élection".
Pour assurer le bon déroulement de la présidentielle au cours de laquelle 36 millions d'électeurs sont appelés à voter, Kiev a déployé 55'000 policiers et 20'000 volontaires.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont la Suisse assure la présidence cette année, a prévu de déployer un millier d'observateurs pour s'assurer de la régularité des opérations de vote.
Petro Porochenko grand favori
Selon les dernières données de la Commission électorale, plus de la moitié (20 sur 34) des commissions électorales des régions de Donetsk et de Lougansk ne peuvent pas fonctionner.
D'après un dernier sondage, Petro Porochenko, conforte son avance avec plus de 44% des intentions de vote, devançant l'ancienne Première ministre et icône de la révolution de 2004 Ioulia Timochenko (8%).
L'homme d'affaires, qui promet de gérer l'Ukraine comme il gère sa très prospère entreprise, n'est pas assuré d'être élu au premier tour et devra peut-être patienter jusqu'à un hypothétique second tour le 15 juin pour devenir le cinquième président de l'Ukraine indépendante.
Le magnat de la confiserie, ancien ministre et ancien allié de M. Ianoukovitch, est perçu comme un pragmatique capable de maintenir l'inclinaison de l'Ukraine vers le camp occidental tout essayant de renouer les liens avec Moscou.
Déception
Sa candidature ne fait toutefois pas l'unanimité sur la place de l'Indépendance. "Nous nous apprêtons à élire un nouvel oligarque. Nous nous sommes débarrassés d'un clan pour le voir remplacé par un autre. Je suis vraiment déçu", a commenté un militaire à la retraite. "Je suis sûr que dans six mois les gens vont revenir la place avec des banderoles réclamant "L'Ukraine sans Porochenko'".
Vladimir Poutine a annoncé qu'il respecterait le "choix du peuple ukrainien" et travaillerait avec le chef de l'Etat élu. Le président russe a une fois de plus dénoncé un "coup d'Etat", soutenu par "nos amis américains", évoquant ainsi le mouvement de contestation de Maïdan.
Dans une courte allocution télévisée, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a appelé "chacun" des Ukrainiens à se rendre aux urnes pour donner "un pouvoir légitime" à leur pays.