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Thaïlande: l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra arrêtée par l'armée

L'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra et plusieurs membres de sa famille ont été placés en détention par l'armée vendredi, afin d'éviter leur fuite en exil.

23 mai 2014, 21:39
epa04194738 Thai caretaker Prime Minister Yingluck Shinawatra speaks during a nationwide televised press conference after she was removed from office at the Office of the Permanent Secretary for Defense in Bangkok, Thailand, 07 May 2014. Thai caretaker Prime Minister Yingluck Shinawatra was sacked on 07 May 2014 by a Constitutional Court ruling that she illegally transferred a civil servant three years ago. The guilty verdict also removes nine of her cabinet members from office. The remaining 26 cabinet members will continue in a caretaker capacity until a new government takes office.  EPA/RUNGROJ YONGRIT

L'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra et plusieurs membres de sa famille ont été arrêtées vendredi par l'armée un peu plus de vingt-quatre après le coup d'Etat militaire. Ces arrestations n'ont pas troublé le calme qui régnait dans les rues de Bangkok.

"Nous avons placé Mme Yingluck en détention, ainsi que sa soeur et son beau-frère", a déclaré un responsable militaire, ajoutant que l'ex-cheffe du gouvernement devrait être maintenue en détention moins d'une semaine.

L'assistante de l'ex-Première ministre a indiqué qu'elle pourrait avoir été emmenée dans un camp militaire hors de la capitale, mais la junte a gardé le silence sur sa localisation.

La junte a convoqué vendredi et interdit de sortie de territoire 155 personnes, des responsables politiques pour la plupart, dont l'ex-Première ministre. "Si la Première ministre et nombre de ces personnalités n'étaient pas appréhendées, il y aurait un risque qu'ils mettent en place un gouvernement en exil", a expliqué le politologue Paul Chambers, de l'université de Chiang Mai.

Touristes peu perturbés

Le coup d'Etat n'a pas perturbé outre mesure la vie des quartiers touristiques de Bangkok. Les vacanciers qui déambulaient vendredi faisaient peu de cas du putsch et des mises en garde des gouvernements étrangers.

Le coeur historique de la capitale thaïlandaise fourmillait toujours de visiteurs étrangers flânant au soleil. Les aéroports étaient toujours ouverts, et les passagers internationaux faisaient partie des quelques exemptés du couvre-feu, pour peu de pouvoir prouver l'heure de leur vol.

Toutes les télévisions, fermées, diffusaient de la musique sur une image fixe montrant le nom du nouveau régime (Conseil national pour le maintien de la paix et de l'ordre), interrompue par des bulletins réguliers lus par un porte-parole de l'armée. Mais en fin de journée, certains programmes habituels avaient repris leur place sur certaines chaînes de télévision.

Internet, et notamment les réseaux sociaux, fonctionnait toujours, mais l'armée a menacé de recourir à des fermetures en cas de contenu critique.

La Suisse "préoccupée"

La communauté internationale, de l'Union européenne aux Etats-Unis, a condamné le putsch, réclamant un retour rapide à un gouvernement démocratique. La Suisse s'est dite extrêmement préoccupée. Elle appelle à un dialogue pacifique et inclusif pour surmonter les différends.

En soirée, les Etats-Unis ont suspendu 3,5 millions de dollars d'aide militaire qu'ils devaient verser à la Thaïlande, soit à peu près le tiers de ce que Washington donne chaque année à Bangkok.

Deux jours après avoir instauré la loi martiale, l'armée a pris le pouvoir jeudi, justifiant ce nouveau coup d'Etat par la nécessité de rétablir l'ordre après six mois de contestations politiques et de procéder à des réformes institutionnelles.

Assurant vouloir seulement régler une crise politique de sept mois qui n'en finissait plus, les généraux ont imposé jeudi un couvre-feu et interdit les manifestations. Les principaux dirigeants politiques des deux camps ont également été emmenés sous escorte militaire hors des négociations qui se déroulaient dans un complexe militaire. L'opposition a indiqué que certains de ses hommes politiques avaient été relâchés dans la nuit.

Lutte de pouvoir

Des dizaines d'opposants au coup d'Etat, certains s'étant collé du scotch sur la bouche, ont défié la junte jeudi en fin de journée dans le centre de la capitale, arborant des pancartes "Non au coup". Les soldats déployés pour les disperser ont interpellé plusieurs d'entre eux.

Certains observateurs estiment que la crise est avant tout liée à une lutte de pouvoir pour s'assurer de qui sera à la tête du gouvernement au moment de la succession du roi Bhumibol Adulyadej, 86 ans. Se pose la question de l'investiture royale du nouveau pouvoir dans cette monarchie constitutionnelle qui compte désormais 19 coups d'Etat ou tentatives en 80 ans.

Le précédent coup, en 2006, avait entraîné une série de crises politiques faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans de Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre et frère de Mme Yingluck, vu par les élites comme une menace à la monarchie. La crise actuelle, soutenue par les élites traditionnelles selon les analystes, n'en est que le dernier soubresaut.

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