Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Tensions entre rebelles

01 sept. 2011, 11:18

Dans le salon de réception de leur villa, celle de leur père assassiné, les trois fils du général Abdel Fattah Younes fixent un ultimatum: «Si le résultat de l'enquête sur la mort de notre père n'est pas entièrement connu le quatrième jour de l'Aïd, nous réagirons». L'Aïd el-Fitr, la fête de fin du Ramadan, a été célébrée le 30 août. La date butoir est donc fixée à samedi, le 3 septembre. Le gouvernement provisoire, le Conseil national de transition (CNT), a promis de publier à cette date les conclusions des investigations judiciaires.

Le général Younes, ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi, devenu le chef militaire de la rébellion, a été assassiné à Benghazi dans des circonstances troubles le 23 juillet. Depuis, ses fils réclament la vérité. Hussam, infirmier, Tareq, ingénieur et Moatassem, étudiant en médecine, disent ne pas êtres seuls à prendre date. «Plus de cent tribus sont avec nous», assurent-ils.

Leaders tribaux

Un document a en effet été signé par 119 représentants tribaux, appartenant à la plupart des grands groupes libyens, au début du mois d'août. Il exige une enquête transparente sur la mort du général et l'intégration des milices sous un commandement unique. Ces leaders tribaux soutiennent tous les Obeidat, la tribu d'Abdel Fattah Younes. Quelques jours après sa mort, nombre d'Obeidat avaient pris les armes pour descendre dans les rues de Benghazi. Afin de les calmer, le CNT a couvert la ville de posters rendant hommage au général. Mais les tribus demandent plus. Pour elles, comme pour ses trois fils, Abdel Fattah Younes a été assassiné parce qu'il cherchait à faire rentrer dans le rang toutes les milices, dont plusieurs sont dirigées par des islamistes.

«Un piège»

Sans vouloir devancer la justice, Tareq, Moatassem et Hussam estiment que les islamistes ont bénéficié de soutiens au sommet du CNT. Ils rappellent que le jour de sa mort, leur père avait été ramené du front sur convocation de l'ex-vice-premier ministre Ali Aïssaoui, limogé depuis. Une convocation dont le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a par la suite déclaré n'avoir pas eu connaissance. Le général est tombé dans un piège, dit Tareq: «Il m'a appelé d'une voiture, me disant qu'il avait été arrêté par une force de 400 hommes et qu'on le ramenait à Benghazi. Il a été emmené à l'université, qui servait de base à des milices. Nous ne l'avons jamais revu vivant.»

Le corps du général a été retrouvé le lendemain. D'après les rapports médicaux, il avait été affreusement torturé. Pouvait-il s'agir d'une vengeance perpétrée par des victimes de la répression mise en œuvre à Benghazi du temps de Kadhafi? Les motifs ne manquent pas.

La mort du général Younes cristallise les dissensions entre ces hommes, le CNT et les tribus, plus conservatrices qu'extrémistes. Les ressentiments ne s'arrêtent pas aux frontières libyennes. Le document des tribus demande également la création «d'une armée pour le pays, et non contrôlée par des gens de l'extérieur». Les fils d'Abdel Fattah Younes accusent: «Les milices ont pris 90% des armes livrées par le Qatar».

Quoi qu'il en soit, ces certitudes sont ancrées dans les esprits des Obeidat, la tribu de Younes, et des tribus qui la soutiennent. Leur ultimatum devrait expirer au même moment que celui donné par le CNT à Syrte, bastion kadhafiste, pour se rendre.

Hier, ces vives tensions n'apparaissaient pas au grand jour, noyées dans la joie du premier Aïd el-Fitr sans Kadhafi. Par ailleurs, Abdelati Obeïdi, ministre des Affaires étrangères du régime déchu, a été arrêté près de Tripoli, a rapporté l'agence Reuters.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias