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Syrie: l'ultime appel à l'aide des survivants d'Alep-Est sur les réseaux sociaux

Dans le conflit qui s'éternise en Syrie, les civils sont victimes de tous les fronts. À Alep-Est, les habitants confinés dans la seule parcelle encore aux mains des rebelles, assiégés par le gouvernement, lancent un ultime appel à l'aide.

14 déc. 2016, 14:22
/ Màj. le 14 déc. 2016 à 18:04
Ce reporter-citoyen montre la situation à Alep-Est.

À Alep-Est, les bombardements se poursuivent sur les quelques quartiers encore aux mains des rebelles. Pris au piège, les civils voient leur fin approcher, impuissants. Leur dernier espoir, l'accord trouvé pour une évacuation. Seulement, après quelques heures de répis, le cessez-le-feu est rompu. La dernière étincelle s'est éteinte.

Depuis des mois, plusieurs habitants ont endossé la mission d'informer le monde de leur situation, dans cette zone que même les journalistes ne peuvent plus atteindre. Ces derniers jours, leurs messages se sont mués en un ultime appel à l'aide à l'intention du monde entier. Pour certains, il s'agissait là d'un adieu.

"Sauvez la vie de ma fille et celle des autres enfants"

Abdulkafi Alhamdo, ou "Mr. Alhamdo", est un professeur de français qui se présente comme activiste et reporter à Alep. Depuis juillet, il rapporte la situation dans la ville syrienne via Twitter, Facebook et Périscope. Mardi, le père de famille a posté une vidéo en direct d'une des rues ravagées par les bombes, titrée "Le dernier appel depuis Alep."

 

 

"La milice de Bachar est à 300 mètres. Il n'y a plus d'endroit où aller. Ce sont les derniers jours. J'espère qu'il y a encore quelque chose à faire pour le peuple d'Alep, pour ma fille, pour les autres enfants. 

Ne croyez plus aux Nations unies, ne croyez plus à la communauté internationale, ne pensez pas qu’ils ne sont pas satisfaits de ce qui se passe, ils sont satisfaits que nous nous fassions tuer. [...]

Alors, O.K, c’est la vie. Mais au moins, nous savons que nous étions des gens libres, on voulait la liberté, on ne voulait pas autre chose que ça, la liberté. J’espère que vous vous souviendrez de nous. Je ne sais pas... Merci beaucoup."

"À chaque personne qui peut m'entendre"

Lina Shamy est une architecte devenue activiste. Elle affirme appartenir à la révolution syrienne et vivre pour elle. Lundi, elle lançait cet appel à toute personne qui puisse l'entendre:

"Nous sommes ici exposés à un génocide. Ceci pourrait être ma dernière vidéo. Plus de 50'000 de civils qui se sont rebellés contre le dictateur Assad sont exécutés ou tués sous les bombes. Les civils sont coincés dans une très petite parcelle de 2 km. Chaque bombe est un nouveau massacre. Sauvez Alep. Sauvez l'humanité."

 

 

"Vous ne pouvez plus nous aider"

Secouriste, Ismail Alabdullah est un alépin régulièrement interviewé par l'équipe de Quotidien, comme lors de l'émission de mardi soir.

 

 

Quelques heures après cette vidéo, Ismael semble désespéré à l'idée de devoir quitter sa ville en cas d'évacuation.

 

 

"Cette fois-ci, c'est peut-être la dernière fois que je vous parle depuis Alep. C'est un nouveau crime que de forcer les gens à quitter leur ville. Aujourd'hui nous n'avons pas pu aider les blessés, ni enterrer les corps, à cause des bombardements avant le cessez-le-feu.

Tout ça parce que le monde entier nous a abandonnés, et nous ne pouvons plus rester à Alep pour aider notre peuple, nos enfants. Vous ne pouvez plus nous aider, plus maintenant..."

"Les bombardements sont de retour"

Salah Ashkar, reporter-citoyen, a tweeté toute la journée de mercredi. Vers midi, il a raconté comment le cessez-le-feu a pris fin. "Un missile vient de tomber sur le toit de mon bâtiment. Les gens qui attendaient les bus ont couru pour sauver leur vie."

 

 

 

"Continuez à prier pour nous"

Rami Zien est un jeune reporter et photographe freelance qui travaille pour Reuters, selon son compte Twitter. Lui aussi poste régulièrement des messages et images pour informer le monde de la situation depuis une zone dénuée de journalistes.

 


 

"Je ne peux pas décrire ces deux derniers jours car ce qu'on y a vu est indescriptible. Pour l'instant, le cessez-le-feu tient, on espère que l'évacuation de la ville réussisse pour nous sortir d'ici en vie. Merci à tous pour vos prières, et continuez à prier pour nous, on en a encore besoin."

"Ils veulent encore nous voir souffrir"

Zouhir Al-Shimale est un civil devenu reporter pour Al Jazeera et d'autres médias arabes. Mercredi matin, alors que le cessez-le-feu était encore en place, il a montré à la chaîne de télévision à quoi ressemblait Alep.

 

 

"Cet homme derrière moi brûle son scooter car il veut quitter Alep mais il ne veut pas que son véhicule soit confisqué par l'armée. [...] L'évacuation est sans cesse reportée. Ils veulent nous faire souffrir, encore."

Plus tard, il a filmé les bombes qui tombent à proximité de lui. "Nous sommes tués actuellement. Je vais peut-être bientôt perdre ma connection."

 

 

"Plus de nouvelles"

Il semble de plus en plus difficile de recevoir des nouvelles de toutes ces personnes reliées au monde par un simple smartphone. Sans électricité, impossible de recharger leurs appareils. Le lien risque de se couper définitivement, comme l'explique la reporter de guerre Laura-Maï Gaveriaux.

 

 

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