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Strauss-Kahn plaide non coupable

07 juin 2011, 11:19

Un record sans doute dans l'histoire judiciaire: sept minutes d'audience, deux mots prononc?s - ?not guilty? (r?d: ?non coupable?) - aussit?t r?percut?s par le tam-tam plan?taire des m?dias et la salle 51, au 13e ?tage de la Criminal Court de Manhattan, est d?j? ?vacu?e. Il ne s'est rien pass?, en tout cas d'inattendu, mais tout est en place pour la bataille annonc?e. Le ?choc des Titans?, surnoms vite donn?s au procureur de New York, Cyrus Roberts Vance Junior, et au t?nor de la d?fense de Dominique Strauss-Kahn, Ben Brafman, va avoir lieu. On en per?oit d?j? les tensions, on en devine les strat?gies, on peut en soup?onner les coups bas.

?S?lection? ? l'am?ricaine

Les apparences, elles, sont ? une courtoisie judiciaire de bon aloi. Pas d'?clats de voix, pas d'effets de manches dans cette audience express sous les yeux du monde entier. Il faut s'?tre lev? de bonne heure pour gagner son ticket d'entr?e dans l'impressionnant building Art d?co du sud de Manhattan. La ?s?lection? se fait ? l'am?ricaine, men?e par David Bookstaver, le tr?s affair? responsable de l'administration du tribunal: m?dias locaux en premier. La salle ne contient qu'une centaine de places.

Les protagonistes arrivent peu ? peu dans un silence de plomb, interrompu seulement par une garde r?p?tant d'une voix de stentor que les t?l?phones portables doivent ?tre sur vibreur et non visibles. Autant dire que c'est peine perdue... mais personne n'a non plus envie de risquer l'expulsion. C'est l'?quipe du District Attorney Vance qui entre d'abord dans l'ar?ne: le jeune John Artie McConnell, le sourire tendu, remue quelques papiers sur le bureau qui lui est attribu?. Mais voil? qu'arrive William Taylor, autre d?fenseur de l'ex-directeur du FMI, install? lui ? Washington, pour le saluer. Br?ves poign?es de mains, sourires... la cam?ra n'est pas loin.

Anne Sinclair, en tailleur-jupe noir et sandales ? talons, a d?j? pris place au premier rang, lan?ant un coup d'?il vers les journalistes, avant de s'asseoir. A sa droite sont r?serv?s des si?ges pour les deux avocats de la victime pr?sum?e, Nafissatou Diallo, qui, comme on le savait, n'est pas apparue hier matin. Sortis ensemble d'une imposante limousine devant le tribunal, l'ancienne journaliste et son mari ont essuy? quelques quolibets. ?Shame on you? (r?d: ?honte ? vous?) scandaient les manifestantes, des employ?es d'h?tels new-yorkais en tenue de travail, descendues d'un car et convoy?es par un syndicat local. D?sormais assis entre ses avocats, DSK semble chercher une contenance pendant ses longues minutes o? il sait que le moindre de ses gestes va ?tre interpr?t?. En face de lui, sur le mur du fond de ce pr?toire d?pourvu d'apparat, fonctionnel et sans ?me, il peut lire: ?In God we Trust?. Comme lors des audiences pr?c?dentes, les doigts de ses deux mains sont en contact, peut-?tre pour contr?ler tout signe de nervosit?. Ben Brafman, rassurant, lui touche le bras. Autant William Taylor affiche une retenue tr?s british, autant l'ancien gamin de Brooklyn, devenu une star du barreau, est connu pour entourer ses clients.

Rendez-vous le 18 juillet

9h15: comme pr?vu, le juge Michael Obus ouvre l'audience, sans solennit? et, d?j?, la greffi?re lit d'un ton monocorde les sept ?charges? contre l'ancien ministre accus? de tentative de viol sur une femme de chambre du Sofitel le samedi 14 mai. Le trio DSK, Brafman et Taylor est debout face au juge. La salle enti?re tend l'oreille. Le ?not guilty? que tout le monde attend est bien prononc? par DSK, en anglais.

Le magistrat n'a plus qu'? r?gler quelques d?tails de proc?dure et fixer le prochain rendez-vous judiciaire au 18 juillet. A cette date, la discovery aura commenc?, l'accusation devra transmettre une partie de ses pi?ces ? la d?fense qui en discutera avec acharnement la pertinence et la validit?. Une tout autre s?quence se profile: la marche vers le proc?s. Chacun va sortir ses griffes et ses munitions, le ton va monter...

Bras de fer

Avant de lever la s?ance, le juge Michael Obus rappelle courtoisement mais fermement au pr?venu ses obligations, et notamment celle de se tenir ? la disposition de la justice. En face de lui, en bas de l'estrade, DSK ne peut qu'acquiescer. Image saisissante d'un homme, jusqu'alors parmi les plus puissants du monde, oblig? d?sormais de se conformer avec d?f?rence aux imp?ratifs d'un magistrat qui n'abuse d'ailleurs pas de sa soudaine notori?t?. Quelques secondes, DSK h?site, le regard troubl?: doit-il maintenant quitter la salle? Une femme huissier lui fait signe d'attendre. C'est ? nouveau au bras d'Anne Sinclair qu'il sort finalement du tribunal.

Dehors, la bataille a commenc?. La mine d?termin?e, Brafman est d?j? sur toutes les cha?nes internationales, affirmant qu'il n'y a ?pas d'?l?ment fort montrant qu'il y a eu contrainte (...), d?montrant qu'il y a eu viol?. L'hypoth?se d'une d?fense b?tie sur un rapport sexuel consenti se confirme. A peine la place libre face aux cam?ras, c'est d?sormais Kenneth Thompson, l'avocat de la jeune Guin?enne, qui lance: ?Elle va venir au tribunal, va s'asseoir dans le box des t?moins et elle va dire au monde entier ce que Dominique Strauss-Kahn lui a fait (...). C'est une terrible agression contre une femme innocente.? Le bras de fer s'annonce sans piti?.

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