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Staline reconnu responsable du massacre de Katyn

La Douma russe a admis hier que le massacre de milliers d'officiers polonais en 1940 à Katyn avait été ordonné par Staline. C'est la première reconnaissance officielle aussi claire de la responsabilité du régime soviétique, à un moment où Moscou et Varsovie sont en phase de rapprochement.

27 nov. 2010, 12:40

Les documents publiés «témoignent (...) du fait que le crime de Katyn a été commis sur l'ordre personnel de Staline et d'autres dirigeants soviétiques», indique la déclaration adoptée hier par la Douma (chambre basse du Parlement).

Le texte a été adopté pendant une session inhabituellement houleuse, en raison de l'opposition du Parti communiste qui continue de nier la responsabilité du dictateur soviétique dans ce massacre. L'assemblée dominée par le parti proche du Kremlin Russie unie a malgré tout approuvé le texte.

«La responsabilité de ce méfait a été imputée dans la propagande soviétique aux criminels nazis», ce qui a entretenu «la colère, l'amertume et la défiance du peuple polonais», ajoute le texte de la déclaration.

Le Parlement russe exprime «sa compassion profonde à toutes les victimes de cette répression injustifiée, à leurs familles et leurs proches». L'ONG russe Mémorial, fondée pour mettre au jour l'étendue des crimes staliniens et en recenser les victimes, a jugé de son côté qu'il s'agissait d'un «grand pas en avant». Les députés communistes ont de leur côté dénoncé une déclaration qui constitue selon eux «une falsification des événements historiques et une révision des conclusions du tribunal de Nuremberg».

A la suite de l'invasion par l'URSS en septembre 1939 des régions polonaises de l'Est, en vertu du pacte germano-soviétique, 22 000 officiers polonais, prisonniers de l'Armée rouge, avaient été abattus dans la forêt de Katyn et à Mednoïe (Russie), ainsi qu'à Kharkiv (Ukraine). Pendant des décennies, l'Union soviétique a accusé les nazis d'avoir commis ces assassinats. Ce n'est qu'en avril 1990 que le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a reconnu la responsabilité de son pays dans ce massacre.

Entreprenant de relancer ses relations avec Varsovie, le Kremlin a fait mettre en ligne cette année des documents sur cette tragédie. La justice russe a quant à elle remis à la Pologne des dizaines de tomes d'archives. Le président de la Diète (chambre basse) polonaise, Grzegorz Schetyna, a salué «un pas dans la bonne direction et un signe important» avant la visite du président russe Dmitri Medvedev en Pologne le 6 décembre.

C'est en se rendant à Katyn pour une cérémonie que le président polonais Lech Kaczynski est mort le 10 avril dans l'accident de son avion, avec 95 autres hauts dirigeants polonais, dans l'ouest de la Russie. Cette tragédie avait montré la persistance du ressentiment en Pologne. Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du défunt président, avait notamment annoncé avoir «refusé» les condoléances présentées par le premier ministre russe Vladimir Poutine.

Par ailleurs, le président russe Dmitri Medvedev va lancer une campagne de «déstalinisation» de la Russie en rappelant aux Russes les crimes commis par le dictateur soviétique Joseph Staline, a rapporté hier le quotidien économique Vedomosti.

Le projet comprend entre autres une déclassification des archives secrètes soviétiques, les recherches des restes des personnes qui ont péri dans les camps et l'installation de nouveaux monuments pour commémorer les victimes.

Le règne de Staline fut marqué par un régime de terreur et par l'exécution sommaire ou l'envoi aux goulags de millions de personnes. L'attitude est pourtant ambiguë à son égard en Russie où il est vu à la fois comme un tyran et comme le héros de la victoire sur les nazis. /ats-afp

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