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Sarkozy dans de sales draps

01 sept. 2011, 11:18

La magistrate Isabelle Prévost-Desprez a mis en cause le président français Nicolas Sarkozy en rapportant qu'un témoin a dit l'avoir vu recevoir de l'argent liquide chez le couple de milliardaires Bettencourt avant son élection à la présidence en 2007. Une accusation démentie par l'Elysée.

Dans «Sarko m'a tuer» (Stock), un ouvrage de deux journalistes du «Monde», Isabelle Prévost-Desprez affirme que l'un des témoins dans l'entourage de Liliane Bettencourt «(lui) a dit qu'il avait vu des remises d'espèces à Sarko».

L'Elysée a répliqué que ces accusations étaient «infondées, mensongères et scandaleuses». Le premier ministre François Fillon les a qualifiées d'«allégations» dénuées de «tout fondement», et a dénoncé des «manipulations».

Le secrétaire général de l'UMP (droite, au pouvoir) Jean-François Copé a relevé qu'«à quelques mois de l'élection présidentielle (...) il ne faut être dupe de rien».

A gauche, Martine Aubry a déclaré ne pas comprendre «que la juge n'ait pas exprimé cela devant le procureur. Même si je sais les pressions dont elle a été l'objet et dont elle s'est d'ailleurs plainte. Je pense qu'aujourd'hui, je l'espère en tout cas, une nouvelle enquête va être ouverte», a-t-elle dit.

Son concurrent à la primaire socialiste, François Hollande, a estimé que le livre révèle «qu'il y aurait à l'Elysée, aux côtés même du président de la République, une cellule qui, avec la police, avec la justice, ferait pression pour que des affaires soient lancées et d'autres étouffées».

Menaces de mort

Pour appuyer ses accusations, la juge Prévost-Desprez précise que l'ancienne infirmière de Liliane Bettencourt avait «confié à (sa) greffière, après son audition par (elle): ''J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy mais je ne pouvais le dire sur procès-verbal''».

Mais, dans la soirée celle-ci a démenti. «Lorsque j'ai été auditionnée par la juge (...), je ne lui ai pas parlé de remise d'enveloppes à Nicolas Sarkozy, ni à personne d'autre», a-t-elle dit de manière anonyme au site du magazine «Marianne».

Elle a affirmé en revanche qu'un climat de peur règne autour de cette affaire: «J'ai reçu des menaces de mort. On m'a fait savoir qu'à cause de mon témoignage (...) on allait retrouver mon corps dans la Seine».

Sanction contre la juge

Ce n'est pas la première fois que des soupçons de financement illicite de parti politique planent sur l'UMP pour la campagne présidentielle de 2007. L'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, avait déclaré avoir eu connaissance d'une remise de fonds via l'ancien ministre Eric Woerth.

Elle avait également évoqué de nombreuses remises d'espèces au profit de diverses personnalités politiques, dont Nicolas Sarkozy, sans en avoir été directement témoin.

Dans «Sarko m'a tuer», elle dit avoir eu l'impression d'être poussée à changer de version par les policiers et d'être victime d'un «acharnement»: «dans l'enquête du parquet, on cherchait à me faire passer pour une affabulatrice!».

Isabelle Prévost-Desprez sort de son devoir de réserve, plaçant notamment l'infirmière de Liliane Bettencourt dans une situation délicate. La magistrate risque également des sanctions disciplinaires.

Transfert à Bordeaux

La présidente de la 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre dirigeait lors de ces auditions un supplément d'information dans le cadre de la plainte sur citation directe de la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, qui accusait l'artiste mondain François-Marie Banier d'abus de faiblesse à l'encontre de sa mère.

Cependant, une enquête préliminaire traitant du financement politique illégal était menée par le parquet de Nanterre dirigé par Philippe Courroye, avec qui Isabelle Prévost-Desprez dit dans le livre avoir entamé «une vraie guérilla, une bataille nucléaire».

En novembre 2010, la Cour de cassation décide «dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice» de transférer l'intégralité des procédures - abus de faiblesse et la multitude d'enquêtes préliminaires - ayant trait à l'affaire Bettencourt à Bordeaux.

Selon Mme Prévost-Desprez, «ce procès représentait pour l'Elysée un risque majeur, il y avait 90% de chances pour que ce soit déflagratoire. Il fallait me faire dessaisir, par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer.» / ats-afp-reuters

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