A 69 ans, M. Saleh devient ainsi le quatrième dirigeant à être emporté par le Printemps arabe mais à l'issue d'un processus de transition négocié qui ne l'empêche pas d'envisager un rôle politique dans l'avenir.
Le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali a fui son pays, l'Egyptien Hosni Moubarak a cédé le pouvoir mais risque maintenant la peine de mort pour meurtres et le Libyen Mouammar Kadhafi a été tué par les rebelles.
Pression de la rue durant des mois
«Je mets la bannière de la révolution, de la liberté, de la sécurité et de la stabilité entre des mains sûres», a déclaré M. Saleh en s'adressant à son successeur à la fin d'une cérémonie au palais présidentiel de Sanaa.
Dans un discours, M. Saleh a promis un soutien total au nouveau président et appelé les Yéménites à «soutenir la nouvelle direction pour reconstruire ce qui a été détruit par la crise». Il était rentré au pays vendredi après avoir été soigné pendant un mois aux Etats-Unis.
Le président sortant a été contesté dans la rue pendant des mois avant d'accepter, sous la pression des monarchies du Golfe, un plan de transition prévoyant son départ en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches, dont plusieurs restent à des postes de responsabilité.
Appel à lutter contre Al-Qaïda
Il demeure président de son parti, le Congrès populaire général (CPG), ce qui laisse planer un doute sur sa réelle intention de renoncer au pouvoir.
M. Hadi a été élu le 21 février par plus de 99% des voix. Comme le prévoit l'accord de transition, il était le seul candidat et a été élu pour une période intérimaire de deux ans. Dans son discours, le président sortant a évoqué les défis du Yémen.
«J'appelle à une mobilisation nationale pour faire face au terrorisme incarné par Al-Qaïda qui a porté récemment un coup dur au pays», a-t-il déclaré. Il faisait référence à l'attentat suicide qui a fait samedi 26 tués parmi les soldats de la Garde républicaine à Moukalla, dans le Sud-Est du Yémen.
De son côté, M. Hadi s'est félicité du caractère pacifique de la transition. «Je souhaite céder pacifiquement le pouvoir dans deux ans à un nouveau président», a-t-il notamment déclaré. Il a souligné la «complexité de la crise qui continue de frapper le Yémen et appelé à la coopération de tous pour en sortir dans les deux ans qui viennent».
Manifestations d'ex-opposants
Peu de dignitaires étrangers ont assisté à la cérémonie outre Nabil al-Arabi, chef de la Ligue arabe, et Abdelatif Zayani, secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe. Cettte organisation, composée des six monarchies arabes du Golfe, a joué un rôle central dans l'élaboration de l'accord de transition.
La cérémonie a été boycottée par l'ancienne opposition parlementaire qui fait partie du gouvernement d'entente nationale. Celle-ci a estimé dans un communiqué, que M. Hadi, fort du vote de plus de 6 millions d'électeurs, aurait pu s'en passer.
Des manifestants se sont rassemblés devant le palais présidentiel pour demander de vraies réformes, dont la réorganisation des forces armées et la purge des services de sécurité des proches de M. Saleh. «On a élu Abd Rabbo (Hadi) pour qu'il soit président du Yémen, pas un employé de Saleh», a résumé Adel Abdoullah, un des organisateurs de la manifestation.
Des jeunes qui ont animé la contestation contre le régime de M. Saleh, ont également manifesté devant la résidence du nouveau président. Beaucoup d'entre eux contestent l'immunité accordée à M. Saleh et appellent à le traduire en justice, le rendant responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes pendant la répression des manifestations.
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Saleh cède le pouvoir après 33 ans à la tête du Yemen
Ali Abdallah Saleh a officiellement cédé aujourd'hui le pouvoir, après 33 ans à la tête du Yémen, à son successeur Abd Rabbo Mansour Hadi. Il lui a promis un soutien sans faille pour reconstruire le pays dévasté par un an de contestation et de violence.
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