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Russie: Poutine se fait construire un palais aux frais du contribuable

Le président russe Vladimir Poutine s'est fait construire un immense palais sur les bords de la Mer Noire. Une enquête journalistique montre que ce projet pharaonique a été financé grâce à l'argent détourné des contribuables russes.

22 mai 2014, 07:37
Selon certaines estimations, le palais aurait coûté un milliard de dollars, soit près de 900 millions de francs.

Un immense complexe immobilier au bord de la mer Noire, qui passe pour avoir été construit pour le président Vladimir Poutine, a été payé en partie par de l'argent public détourné, selon une enquête de l'agence Reuters. L'argent aurait transité par des comptes en Suisse.

Si l'existence de ce domaine luxueux est bien connue, jamais jusqu'à présent l'origine des fonds ayant servi à sa construction n'avait été mise au jour. Selon des documents douaniers et bancaires étudiés par Reuters, deux proches du président russe ont profité de contrats publics d'un montant total de près de 200 millions de dollars.

Ces deux hommes, Nikolaï Chamalov et Dmitri Gorelov, étaient propriétaires d'une entreprise qui fournissait des équipements médicaux à un projet fédéral de modernisation des hôpitaux, lancé par Vladimir Poutine lui-même, à des prix que des spécialistes de la santé disent surévalués.

Les bénéfices ainsi réalisés par les deux hommes ont été transférés sur des comptes bancaires ouverts en Suisse, montrent les documents. L'argent a ensuite transité par un compte au Liechtenstein lié à la construction du luxueux complexe immobilier sur la mer Noire, surnommé le "palais de Poutine", indiquent les mêmes documents.

Sergueï Kolesnikov, un ancien collaborateur de MM. Chamalov et Gorelov, a déclaré en 2010 que ce domaine avait été construit pour Vladimir Poutine. Le Kremlin a démenti l'existence de tout lien entre ce projet immobilier et Vladimir Poutine.

Budget d'un milliard de dollars

L'enquête de Reuters porte sur l'utilisation du budget d'un milliard de dollars alloué au projet de modernisation des hôpitaux annoncé par Vladimir Poutine en 2005. Elle montre que Nikolaï Chamalov et Dmitri Gorelov ont tous deux joué un rôle d'intermédiaires.

Selon les documents consultés par l'agence, les deux hommes étaient propriétaires d'une entreprise installée au Royaume-Uni, Greathill, utilisée pour acheter des équipements médicaux de haute technologie, principalement au groupe allemand Siemens. Greathill revendait ensuite ces équipements à la Russie en réalisant un bénéfice.

Nikolaï Chamalov, un ancien cadre commercial de Siemens en Russie, n'a pas répondu à des demandes de commentaires sur ces informations. Un porte-parole de Siemens a déclaré que le groupe n'avait pas connaissance des liens entre Nikolaï Chamalov et Greathill.

Dmitri Gorelov a déclaré que les importations avaient été totalement transparentes et que Greathill avait vendu les équipements médicaux à la Russie à des prix approuvés par des experts russes.

Comptes en Suisse

Des documents bancaires montrent que Greathill a déposé 56 millions de dollars sur des comptes en Suisse après 2006, lorsque Moscou a commencé à mettre en oeuvre le projet de modernisation du système de santé.

Ces comptes étaient contrôlés par une société appelée Lanaval. Celle-ci a transféré 48 millions de dollars sur un compte au Liechtenstein détenu par la société Medea Investment, enregistrée à Washington.

Architecte italien

Medea Investment est contrôlée par l'architecte italien Lanfranco Cirillo, qui a conçu la résidence sur la mer Noire, selon Sergueï Kolesnikov. Dans un communiqué transmis par son avocat, l'architecte assure avoir été choisi pour ce projet immobilier en raison de son expérience et de ses compétences professionnelles.

M. Cirillo n'a pas répondu à plusieurs questions sur le financement du projet immobilier et sur les versements de fonds dont a bénéficié Medea.

Un porte-parole de M. Poutine n'a pas répondu à plusieurs questions sur les déclarations de Sergueï Kolesnikov et les informations de Reuters. Le Kremlin avait auparavant présenté Sergueï Kolesnikov comme un homme aigri, ajoutant qu'il avait quitté la Russie en raison de différends commerciaux, ce que ce dernier dément.

Plusieurs journalistes, dont ceux de la BBC, enquêtent depuis de nombreuses années sur ce mystérieux palais:

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