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Record: 140 tonnes de cocaïne saisies en Europe en 2017

Avec 104’000 saisies en 2017, pour un volume total de 140,4 tonnes, on peut dire que le trafic de cocaïne s’«ubérise» en Europe. Avec des promos affichées sur WhatsApp.

06 juin 2019, 14:16
Les saisies de cocaïne se multiplient en Europe. Mardi passé, la police portugaise a intercepté un chalutier brésilien qui contenait pour 34 millions de dollars de cocaïne.

La saisie record en 2017 de plus de 140 tonnes de cocaïne en Europe s’accompagne de l’arrivée sur ce marché de nouveaux acteurs, selon un rapport dévoilé jeudi. Les méthodes innovantes de ces derniers témoignent d’un trafic en voie d’«ubérisation».

Le nombre de saisies – 104’000 – et leurs volumes – 140,4 tonnes – «ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés» dans l’Union européenne, constate l’étude annuelle de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).

L’offre de cocaïne, premier stimulant illicite d’Europe avec 3,9 millions de consommateurs annuels, «n’a jamais été aussi importante», estime le rapport, dont les travaux sont fondés sur des données collectées en 2017. Plus inquiétant, son degré de pureté, mesuré en 2016 comme le plus élevé depuis dix ans, se maintient au même niveau en 2017, avec un prix de vente au détail stable, compris entre 55 et 82 euros le gramme.

Transit via les grands ports

Cette poudre blanche, produite à partir des feuilles de coca principalement en Colombie, en Bolivie et au Pérou, voyage de plus en plus par la mer avec des escales régulières dans les Caraïbes, au Maghreb et en l’Afrique de l’ouest. «La croissance du trafic de gros volumes via les grands ports au moyen de conteneurs est frappante», selon l’OEDT.

C’est en Belgique – 45 tonnes – et en Espagne – 41 tonnes -, dont les ports constituent les points d’entrée maritime historiques de la cocaïne en Europe, que les saisies ont été les plus importantes en 2017. La France – 17,5 tonnes – et les Pays-Bas – 14,6 tonnes – viennent ensuite.

Selon l’OEDT, ces chiffres s’inscrivent dans le contexte d’«un marché des drogues concurrentiel» en Europe, où quelque «96 millions» de personnes âgées de 15 à 64 ans «ont déjà expérimenté une drogue illicite au cours de leur vie», en majorité du cannabis avec 24,7 millions de consommateurs au cours de l’année écoulée.

Promos sur WhatsApp

Une fois débarquée et avant d’atterrir chez le client final, la cocaïne suit une chaîne d’approvisionnement qui a vu apparaître de nouveaux acteurs «au niveau intermédiaire et dans la vente au détail», au sein de structures «fragmentées, plus souples et plus horizontales».

Le trafic de rue est de plus en plus supplanté par les sites de vente du darknet. Les transactions s’y font en cryptomonnaies, des monnaies virtuelles comme le bitcoin.

Des «centres d’appels spécialisés dans la cocaïne» emploient des coursiers qui livrent la marchandise au domicile des clients, contactés via des services de messagerie instantanée et cryptée, type WhatsApp, où les revendeurs rivalisent d’offres promotionnelles. Cet «esprit d’entreprise» témoigne d’une «ubérisation potentielle du commerce de la cocaïne», s’inquiète l’OEDT.

Autres drogues

«Les progrès technologiques, exploités par les vendeurs, rendent plus difficile la lutte contre la disponibilité de la cocaïne», a souligné Dimitris Avramopoulos, commissaire européen aux Affaires intérieures, lors d’une présentation du rapport devant la presse à Bruxelles.

L’usage des outils numériques, s’il n’est pas nouveau, «est plus systématique et plus organisé» que par le passé, a ajouté à son côté le directeur de l’OEDT, Alexis Goosdeel. «La valeur de ce marché, qui reste petite par rapport à l’ensemble du marché de la drogue, double chaque année», a-t-il ajouté.

S’agissant des autres produits illicites, le directeur de l’OEDT pointe également dans le rapport la «progression des substances de synthèse» en Europe, notamment des opioïdes très puissants comme le fentanyl et ses dérivés, à l’origine de nombreux décès par overdose aux Etats-Unis et au Canada.

Enfin, le Vieux Continent semble jouer désormais un «rôle croissant» dans la production de drogues de synthèse comme l’atteste le démantèlement de 21 laboratoires de MDMA (principe actif de l’ecstasy), tous aux Pays-Bas, contre 11 en 2016.

Quelque 6,6 millions d’ecstasy ont été saisis en 2017 dans l’UE, du jamais vu depuis 2007, tout comme leur teneur en MDMA, qui a atteint un «pic décennal».

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