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Quel avenir pour Cuba après la mort de Fidel Castro?

Si Fidel Castro a conservé un poids moral après s'être retiré du pouvoir en 2006, au profit de son frère Raul, c'est bien celui-ci qui gouverne le pays. "Les Cubains ont déjà enterré Fidel depuis longtemps", affirme un diplomate occidental qui a passé plusieurs années à Cuba. Avec la disparition du Lider Maximo, la situation politique et économique devrait s'ouvrir.

26 nov. 2016, 10:07
Depuis sa grave crise de santé en 2006, son image avait changé. Il avait troqué son légendaire uniforme vert olive pour un survêtement sportif et des sandales.

Que va-t-il se passer à Cuba après la mort de Fidel  "De grandes funérailles...", ironise volontiers le Cubain de la rue, pour minimiser l'impact dans le pays de la disparition du père de la Révolution cubaine.

"Les Cubains ont déjà enterré Fidel depuis longtemps", renchérit un diplomate occidental qui a passé plusieurs années à Cuba. "Ils ont la tête tournée vers l'avenir, pour beaucoup Fidel n'est plus qu'un glorieux souvenir", ajoute-t-il sous couvert d'anonymat.

Retiré du pouvoir depuis 2006 au profit de son frère cadet Raul, Fidel Castro conservait un poids moral. Il "est consulté sur toutes les décisions importantes", assurait fin 2011 le président du Parlement cubain, Ricardo Alarcon, un des dirigeants historiques de la Révolution.

 

Soulagement pour Raul

"Avec la mort de Fidel, la situation politique et économique devrait s'ouvrir. Cela va retirer un poids à Raul. Il n'aura plus besoin de s'inquiéter de contredire son grand frère, une personnalité énorme", juge Michael Shifter, président du centre de réflexion américain Inter-American Dialogue.

Depuis sa grave crise de santé en 2006, son image avait changé. Il avait troqué son légendaire uniforme vert olive pour un survêtement sportif et des sandales.

Sa dernière apparition publique date du 13 août, à l'occasion de son 90e anniversaire, au côté de son frère Raul et du président vénézuélien Nicolas Maduro, son principal allié en Amérique latine.

Figure omniprésente

Mais la figure paternelle du Lider Maximo, aussi respectée que crainte, restait omniprésente, même si toute sa vie Fidel Castro a soigneusement évité tout culte de la personnalité. Pas de statue, ni de grands portraits dans les rues, même si les murs sont couverts de ses slogans et que la presse officielle cite quotidiennement ses grandes phrases.

Quelque 80% des Cubains n'ont jamais connu pour dirigeant que celui qu'ils appellent "Fidel", "Le Commandant", "Le Chef" ou encore "Qui tu sais". Dans les conversations, les plus prudents l'évoquaient d'une simple caresse du menton, esquissant une barbe virtuelle et baissant la voix.

"L'immense majorité des Cubains conserve un lien personnel avec Fidel. Tant ceux qui le soutenaient, totalement ou avec des désaccords, que ceux qui voyaient en lui la cause de tous les maux à Cuba", souligne Rafael Hernandez, politologue cubain, directeur de la revue Temas. "Je ne suis pas communiste, je suis 'fidéliste'", affirment souvent les Cubains qui s'aventurent à parler politique avec des étrangers.

Espoir de changement

"L'espoir de changement va grandir chez la plupart des Cubains. La mort de Fidel va très certainement ouvrir la porte à plus de conflits et d'affrontements entre les détenteurs du pouvoir. L'arbitre suprême de tous les conflits à Cuba aura disparu. Raul aura plus d'espace, mais ses adversaires politiques également", estime Michael Shifter.

Le rapprochement historique opéré depuis fin 2014 avec Washington illustrait déjà le début de la fin du castrisme pur et dur et de l'antiaméricanisme fervent de l'aîné des Castro.

"Ce qui compte, c'est l'après-Raul"

Spécialiste des affaires cubaines et chercheur à l'Université du Texas, Arturo Lopez Levy est plus circonspect sur l'influence de Raul, qui a d'ores et déjà annoncé son intention de se retirer en 2018.

"Après la mort de Fidel, l'ouverture à l'économie de marché et l'éradication des plus contraignantes des dispositions communistes devraient prendre de la vitesse. Sans le charisme de Fidel, la loi du PCC ne repose plus que sur la performance économique. L'impact sur le rythme et la nature des réformes de Raul sera limité", affirme Arturo Lopez Levy.

"L'après-Fidel a commencé en 2006, ce qui compte désormais c'est l'après-Raul", assure de son côté le diplomate occidental.

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