Présenté par les dirigeants européens comme un nouvel "accord modèle" de libre-échange, le traité commercial entre le Canada et l'UE (CETA), s'est heurté à de vives oppositions, tout comme l'impopulaire TTIP (ou Tafta) en discussion avec les Etats-Unis. Le CETA doit être signé dimanche.
Négocié depuis sept ans, le CETA, un épais document de plus de 1600 pages, supprimera plus de 99% des droits de douane entre l'UE et le Canada.
The famous #CETA Treaty pic.twitter.com/1cSXNJ23N6
— Isabelle Brusselmans (@Isabruss) 30 octobre 2016
Ottawa est le douzième partenaire de Bruxelles en matière d'importations (1,6% des importations de l'UE) et le 13e en ce qui concerne les exportations (2,0%), selon des chiffres publiés dimanche par l'institut de statistiques Eurostat.
L'excédent commercial de l'UE avec le Canada s'élève en 2015 à 6,9 milliards d'euros (7,5 milliards de francs) pour les biens et à 3,8 milliards d'euros pour les services. Le montant des droits de douanes que le Canada supprimerait pour les produits originaires de l'UE une fois le CETA en application s'élève à 500 millions d'euros par an, affirme Bruxelles.
Que contient le traité de libre-échange #CETA? https://t.co/5oEZJqYgvD #AFP pic.twitter.com/gI39uutqaI
— Agence France-Presse (@afpfr) 30 octobre 2016
Parmi les exceptions au traité, certains produits agricoles, comme les viandes bovines et porcines, dans le sens Canada-UE, toujours soumises à des quotas.
Protection pour les AOC
L'accord fournit aussi une protection supplémentaire à 143 origines géographiques spécifiques (AOC), dont 42 françaises, comme le "Roquefort", le "Saint-Nectaire" ou les "Pruneaux d'Agen".
Grâce au CETA, les entreprises européennes auront désormais accès aux marchés publics canadiens, y compris ceux des villes et des provinces qui gèrent une part importante des dépenses publiques. Une véritable avancée pour les Européens qui avaient, eux, déjà donné un large accès à leur marché aux compagnies canadiennes.
Signature du #CETA : 65 000 t de viande importées du #Canada. Jour de deuil pour les #éleveurs français. Soutien ! pic.twitter.com/HTIe7U8PK2
— JeanFrédéric Poisson (@jfpoisson78) 29 octobre 2016
L'accord, qui concerne plus de 500 millions d'Européens et 35 millions de Canadiens, ne modifiera pas les règles européennes sur la sécurité alimentaire ou la protection de l'environnement. Il vise au contraire à améliorer la coopération entre les organismes européen et canadien sur ces normes.
Les produits canadiens ne pourront donc être importés dans l'Union que s'ils respectent la réglementation de l'UE et le boeuf aux hormones ne sera pas autorisé.
Le point le plus sensible porte sur la possibilité donnée à une multinationale investissant à l'étranger de porter plainte contre un Etat qui adopterait une politique publique contraire à ses intérêts. Un mécanisme qui a permis à Philip Morris d'attaquer l'Uruguay pour sa politique anti-tabac ou au géant minier Oceanagold de poursuivre le Salvador pour lui avoir refusé un permis d'exploitation pour raisons environnementales.
Le tribunal permanent créé par le CETA sera composé de 15 juges professionnels nommés par l'UE et le Canada. Toutes les auditions seront publiques et il sera possible de faire appel. "Une sorte de Cour publique des investissements qui ouvre la voie à une Cour internationale des investissements", selon un négociateur européen.
It's a busy Sunday in #Bruxelles Ab 200 ppl protest #CETA signature. Red paint on Council building. Why not mix in #Halloween theme? pic.twitter.com/4TDqAmit07
— Anca Gurzu (@AncaGurzu) 30 octobre 2016
Les ONG craignent que ces "pseudo-juges" soient des avocats d'affaires liés à des cabinets privés. Mais la Belgique a obtenu des concessions sur leur mode de nomination, afin de s'assurer que ce ne sera pas le cas, s'est félicité le ministre-président de la région francophone de la Wallonie (sud), le socialiste Paul Magnette, qui a mené la bataille au nom des opposants au CETA.