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Quand Roland Dumas précédait Robert Bourgi

15 sept. 2011, 11:00

L'affaire Bourgi, du nom de cet avocat français qui a déclaré avoir apporté à Dominique de Villepin, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, des valises d'argent envoyées par des chefs d'Etat africains, défraye la chronique politique française.

Curieusement, un livre publié en mai dernier par Roland Dumas n'a pas eu le même retentissement. Pourtant cet avocat, lui aussi, est l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand et ancien président du Conseil Constitutionnel français. Et dans cet ouvrage de souvenirs frappé au sceau du cynisme, l'ex-ami proche de feu le président de la République française avoue avoir livré à Paris, directement à Mitterrand, des valises d'argent liquide envoyées par des chefs d'Etat «amis» derrière lesquels on devine des potentats africains ou arabes. Roland Dumas évoque même une relation cordiale avec le clan Kadhafi.

Il «dénonce» aussi son vieil ami Jean-Pierre François, longtemps patron de la «Banque Romande» à Genève, comme «livreur de fonds à François Mitterrand», jusqu'à la campagne présidentielle de 1988. Pourtant Jean-Pierre François a déclaré plusieurs fois avoir cessé toutes relations avec Mitterrand en 1986.

Toujours est-il que Roland Dumas écrit, (p.124): «J'ai moi-même souvent apporté à François Mitterrand des sommes en liquide de la part de chefs d'Etat amis ou de riches relations. Mon «frère» Jean-Pierre François y allait régulièrement de son obole ou lui apportait directement des espèces. Peu de temps avant sa réélection, je revois encore le président me dire, émerveillé: «Ça arrive de tous les côtés!» Il rangeait alors les billets dans le tiroir de son bureau. Austère et réservé, Jean-Pierre François était cependant sensible au commerce des «grands» car leur fréquentation pouvait se révéler un investissement rentable à long terme...»

On peut imaginer que les déclarations d'un ancien ministre et dignitaire socialiste ont plus de poids que celles de l'obscur et curieux avocat qu'est Robert Bourgi.

Mais la publication du livre de Roland Dumas - un succès de librairie en France - n'a pas déclenché la même tempête médiatique et politique que celle générée par les «révélations» de ce «coursier de la France-Afrique»... Il est vrai que l'utilisation que l'on peut en faire dans une campagne électorale actuelle n'est pas la même.

Il est vrai aussi que ces valises d'argent circulant entre l'Afrique et la France ou la Suisse et la France pour financer des hommes politiques s'inscrivent dans une vieille et coupable tradition française dont on peut se demander si elle est révolue?

La transparence totale sur le financement de la vie politique française n'est sans doute pas pour demain! / JRI

A lire: «Coups et blessures: 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand», par Roland Dumas, édition Le Cherche Midi, 520 pages.

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