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Putsch manqué en Turquie: l'Occident s'inquiète des réactions du gouvernement

Le gouvernement turc a promis d'éliminer le mouvement à l'origine du putsch. L'Occident s'inquiète d'ailleurs des mesures adoptées par les autorités concernant le respect des valeurs démocratiques.

19 juil. 2016, 18:57
La suite des évènements en Turquie inquiète l'Occident.

Le pouvoir turc a promis mardi d'éradiquer le mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen, qu'il tient pour responsable du putsch manqué du 15 juillet. Les purges déjà lancées dans les forces armées, la police et l'appareil judiciaire se sont étendues à l'enseignement, aux renseignements et aux instances religieuses.

Les autorités ont à ce jour suspendu ou placé en détention provisoire près de 35'000 soldats, policiers, juges et fonctionnaires depuis l'échec du putsch, qui a fait au moins 232 morts et 1400 blessés. Plus de 9320 personnes font l'objet d'une procédure pénale pour lien avec le coup de force, a déclaré le vice-premier ministre Numan Kurtulmus.

 

Mardi, les autorités ont annoncé la fermeture des médias considérés comme favorables à Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis, et le renvoi de 15'000 agents dépendant du ministère de l'Education. Le Conseil supérieur de l'enseignement a d'autre part exigé des 1577 doyens des universités du pays, publiques et privées, qu'ils renoncent à leurs fonctions.

Parallèlement, l'autorité audiovisuelle a annoncé que les radios et télévisions jugées proches de l'imam Gülen se verraient retirer leur licence.

Ont été également mis à pied 492 employés de la Direction des Affaires religieuses, la plus haute autorité musulmane du pays, ainsi que 257 fonctionnaires travaillant au cabinet du premier ministre et 100 responsables des services de renseignements.

Occidentaux inquiets

Les alliés occidentaux d'Ankara ont exprimé leur solidarité avec le gouvernement turc après l'échec du putsch, mais ils ne cachent pas leur inquiétude face à l'ampleur et la rapidité de la réaction des autorités, qu'ils appellent à respecter les valeurs de la démocratie.

L'Association suisse des magistrats de l'ordre judiciaire (ASM) a de son côté condamné la suspension de plus de 2700 juges et procureurs. Pour elle, "la tentative de coup d'Etat a été manifestement instrumentalisée pour accuser des magistrats qui se sont par le passé investis en faveur de l'indépendance de la justice et de l'Etat de droit".

"Preuves" annoncées

Ancien allié politique du président turc Recep Tayyip Erdogan, Fethullah Gülen, qui à 75 ans vit en exil en Pennsylvanie, dément pour sa part tout rôle dans le coup de force. Il a laissé entendre qu'Ankara avait peut-être fabriqué de toutes pièces un faux putsch pour justifier la répression.

Le premier ministre Binali Yildirim a lui assuré que la Turquie se débarrasserait du mouvement de Gülen. Il a annoncé qu'il adresserait sous peu aux Etats-Unis les preuves de l'implication du prédicateur dans la tentative de coup d'Etat et redit qu'Ankara réclamait son extradition.

Décisions mercredi

Binali Yildirim a par ailleurs annoncé que le gouvernement turc prendrait mercredi d'importantes décisions visant à extirper le pays des "circonstances extraordinaires" dans lesquelles l'a plongé la tentative de putsch.

Dans un discours devant les députés de son parti AKP, il a assuré d'autre part que l'Etat turc garantirait "la sécurité à 100%" à travers le pays. Un peu plus tôt, Recep Tayyip Erdogan avait déclaré que le Conseil national de sécurité et le gouvernement se réuniraient mercredi pour prendre des décisions à même d'engager la Turquie sur une nouvelle voie.

A en croire Binali Yildirim, la Turquie va respecter l'Etat de droit lors du procès des putschistes. Mais les putschistes tués seront privés d'obsèques religieuses, a précisé la Direction des Affaires religieuses.

De son côté, le parti de la droite nationaliste MHP a indiqué qu'il soutiendrait le gouvernement si celui-ci s'efforçait de rétablir la peine de mort, abolie en 2004.

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